En cette semaine de mise à l’honneur du cinéma, L’Ecornifleur a passé la journée avec une actrice de l’ombre du Festival Lumière. Bénévole depuis les débuts en 2009, Isabelle a bien voulu se laisser accompagner pour nous montrer les coulisses de ses missions sur le Festival. Reportage.

Plus de 750 bénévoles sont présents au Festival pour l’édition 2021. Cinéma Lumière Terreaux, 12/10/2021 © Marion Torquebiau

« La date est bloquée dans mon agenda, je n’ai pas loupé une seule édition », raconte Isabelle. Cette grande blonde à lunettes d’une cinquantaine d’année est bénévole au Festival Lumière depuis 2009 et cinéphile depuis l’enfance. L’année, elle travaille dans la recherche pharmaceutique, mais depuis douze ans, Isabelle prend deux semaines de vacances en octobre pour être 100% disponible pour le festival lyonnais.

Reconnaissables par leur tee-shirts rouges, plus de 750 bénévoles travaillent cette année pour le Festival. Il n’y a qu’une seule condition d’entrée : être majeur. « Les inscriptions se font en juillet mais il n’y a pas vraiment de sélections. Il y a des retraités, des étudiants, des gens en réinsertion mais également des personnes handicapées », détaille Isabelle. Une fois recrutés, les bénévoles peuvent émettre des préférences pour les missions qu’ils seront amenés à faire durant la semaine.

« Ce matin, c’est Irène Jacob qui est venue acheter un DVD »

Cette année, le quotidien d’Isabelle pendant le Festival s’organise surtout en demi-journées. Lundi 11 octobre, elle a été missionnée au marché DVD, dans le Village cinéma situé à côté de l’Institut Lumière. Son rôle ? Orienter les visiteurs, classer les DVD, mettre les étiquettes de prix et s’occuper du réassort quand les films s’épuisent. « La technique c’est de bien connaître le programme parce que les clients viennent souvent acheter le film qu’ils viennent de voir », précise Isabelle. Il n’est, en effet, pas facile de s’y retrouver parmi les 5.000 références de DVD présentes au Festival.

Retraités, étudiants, stars, les habitués et clients occasionnels se côtoient avec comme point commun leur passion invétérée du cinéma. « Ce que j’aime dans le Festival, c’est que les relations sont simples et que tout le monde est accessible, même les stars qui sont là. Ce matin par exemple c’est Irène Jacob, nouvelle présidente de l’Institut Lumière, qui est venue acheter un DVD », raconte-t-elle.

« Vous n’avez pas ce film avec Nathalie Baye ? Je crois que ça date des années 80 … », demande un vieux monsieur. « Suivez-moi, il doit être dans la catégorie drame », assure Isabelle qui part à la recherche de DVD. Parmi les bénévoles, elle est connue comme le loup blanc, c’est à elle que l’on s’adresse spontanément quand il y a un doute ou une question.

Isabelle s’est occupé du tri et de la classification des films avant l’ouverture du marché DVD. Institut Lumière, 11/10/2021 © Marion Torquebiau

Des missions variées

A 16 heures, Isabelle a fini sa journée, il est temps pour elle de profiter de la semaine cinématographique. « Ce soir je vais voir Les trois jours du Condor de Sydney Pollack et j’enchaîne avec La Grande belleza de Paolo Sorrentino », sourit-elle. Habitant dans le quartier Monplaisir, elle a sa carte d’adhérente et va régulièrement aux évènements organisés par l’Institut Lumière tout au long de l’année. « On est tout un groupe de bénévole du quartier Monplaisir, l’Institut Lumière c’est notre maison secondaire avec Isabelle », s’amuse Gilles, un ami bénévole, présent lui aussi depuis les débuts du Festival.

En tant que bénévole, Isabelle peut bénéficier d’une accréditation lui permettant de payer moins cher ses billets. Son ticket est à cinq euros au lieu de sept habituellement. Le rendez-vous est donné le lendemain matin pour une mission d’accueil, en salle de cinéma cette fois-ci.

« Ça va être bizarre de revenir lundi au bureau »

Il est 9 heures 45 ce mardi matin et déjà les cinq bénévoles sont sur place dans cette petite salle de cinéma rue Edouard Herriot. Ils s’organisent avant l’ouverture du cinéma à 10 heures pour la séance du matin Chronique d’un été d’Edgar Morin. « Moi je préfère faire l’installation en salle si ça ne dérange pas », souffle l’une des bénévoles. « Spontanément les gens laissent une place entre eux, notre rôle c’est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de place vide », explique Isabelle

Deux bénévoles se placent donc à l’intérieur tandis que trois se trouvent à l’entrée du cinéma. Pour Isabelle, la mission sera la vérification du pass sanitaire. « Normalement c’est au personnel de la salle de le faire mais je le vérifie pour rendre service », confie-t-elle.

Les bénévoles et autres membres de l’organisation du festival sont munis eux d’un bracelet noir pour ne pas avoir à montrer leur pass à chaque passage. Entre les séances, ils doivent s’assurer que la salle est propre pour permettre aux spectateurs suivants de s’installer dans de bonnes conditions.

Vérification des billets et pass sanitaires avant d’entrer dans la salle. Cinéma Lumière Terreaux, 12/10/2021 © Marion Torquebiau

Un quart d’heure avant le début du film, déjà la quasi-totalité de la salle est pleine. Tous les bénévoles ne pourront pas assister à la séance. « Pas grave, j’irai à celle de cette après-midi », s’amuse Isabelle. Après une semaine plongée dans le 7ème art et avec des missions jusqu’à dimanche inclus, « ça va être bizarre de revenir lundi au bureau, il va falloir que je redescende sur Terre », souffle-t-elle.