Pour fêter les cinquante ans de “l’homme sans nom” derrière la caméra, le Festival Lumière diffuse le documentaire inédit Clint Eastwood : L’héritage cinématographique ainsi que son dernier film Cry Macho en avant première. L’Écornifleur vous raconte cinq choses que vous ignoriez probablement sur ce monstre sacré du cinéma.

Clint Eastwood a failli incarner tour à tour James Bond et Superman

Vous pensez tout connaître de Clint Eastwood, interprète et réalisateur de l’Inspecteur Harry, Million Dollar Baby, Gran Torino, figure légendaire du western spaghetti et à l’affiche de son nouveau film Cry Macho, diffusé en avant première au Festival Lumière ? Voici cinq informations que vous ne connaissez pourtant sûrement pas.

1. Il a été Maire

” À l’écran, ‘Dirty Harry’ combat la bureaucratie. À la ville, je compte bien en faire autant “, tonnait , en 1986, l’acteur américain avant de prendre ses fonctions de maire de la petite ville de Carmel-by-the-Sea, sur la côte californienne. En bon Républicain convaincu, c’est sur le thème de la défense des libertés individuelles face à un pouvoir municipal “tue-la-joie” et un peu trop zélé à son goût, qu’il s’est fait élire dans la bourgade de 4 825 habitants. Les mesures phares de son mandat : accorder des permis de construire à tour de bras et surtout, supprimer l’interdiction de manger des glaces dans l’espace public instaurée par la précédente municipalité.

2. Il a failli mourir dans un accident d’avion

Nous sommes en 1951 quand le jeune Clint, en plein service militaire, survole l’Océan Pacifique pour rentrer au camp de Fort Ord. À l’approche des côtes, “les radios se sont coupées. L’oxygène a commencé à manquer. Finalement, nous sommes tombés en panne d’essence et avons chuté dans l’océan”, se remémore Eastwood en 2015, lors d’une conférence à la Loyola Marymount University. Dans une eau à 12 degrés, battue par de forts courants et réputée pour être une zone de reproduction des grands requins blancs, il n’a d’autres choix que de nager. Diplômé de natation, il réussit à sauver sa peau au prix de quelques heures de brasse.

En 2016, il fait l’experience d’un second crash d’avion, mais pour Hollywood cette fois en tant que réalisateur. Dans Sully, il retranscrit sur l’écran l’amerrissage forcé du vol US Airways 1549 sur le fleuve Hudson, réussi par le pilote Chesley « Sully » Sullenberger en 2009. “Je suis sans doute le seul cinéaste au monde à avoir survécu à un crash en pleine mer, ce qui faisait de moi le plus apte et compétent pour réaliser ce film“, ironisa le réalisateur en pleine promotion du film.

3. Il doit tout à un “faux-pas”

Existe-t-il un rôle plus iconique que celui de Clint Eastwood dans la Trilogie du dollar de Sergio Leone ? Si le personnage de “l’homme sans nom”, alias “blondin”, a propulsé l’acteur au panthéon du western pour l’éternité, tout n’était pas gagné d’avance. Alors qu’il vient d’accepter d’être le héros de Pour une poignée de dollars sortie en 1964, Eastwood est encore inconnu du grand public. Son agent qualifie pourtant sa décision de “faux-pas” ou de “mauvaise-passe”. “Malpaso” espagnol. Alors, c’est assez logiquement que, en 1967, lorsqu’il crée sa société de production avec l’argent remporté grâce à la Trilogie du dollar, il choisit le nom de The Malpaso Company. À cette société, on doit l’existence de films comme Sur la route de Madison, Mystic River ou encore Impitoyable, projeté lors de cette 13ème édition du Festival Lumière.

4. On lui a proposé les rôles de James Bond et de Superman

Lorsque Sean Connery raccroche le costume de 007 en 1983, c’est à Clint Eastwood que l’on propose de se glisser dans la peau de l’agent secret britannique. Quelques années plus tôt, le président de la société de production Warner Bros lui avait offert, avec le rôle de Superman, la possibilité d’enfiler la combinaison bleue au slip rouge du justicier. Deux propositions que le premier récipiendaire du prix Lumière avait décliné. « J’ai toujours préféré les personnages qui étaient ancrés dans la réalité même s’ils pouvaient faire des choses extraordinaires”, s’explique Eastwood dans une interview au Los Angeles Times en 2010. À l’inverse, le personnage d’Harry Callahan ne devait pas lui revenir. Initialement prévu pour Frank Sinatra, il doit ce rôle à la seule blessure du chanteur d’origine sicilienne. Boiteux, il était en incapacité de camper le policier violent et réactionnaire.

5. Il s’est brouillé avec John Wayne

John Wayne et Clint Eastwood, les deux figures les plus emblématiques du western. Pourtant, les deux légendes de l’ouest n’ont jamais partagé l’affiche. La raison ? Une haine profonde de John Wayne pour les films de son jeune cadet. Car si Wayne et Eastwood représentent deux générations différentes, ils représentent aussi deux visions du western et de l’Amérique. Dans les films du héros de Rio Bravo, une vision idéalisée et manichéenne de la conquête de l’ouest et des valeurs fondatrices de l’Amérique est présentée. Une version romancée de l’histoire dessinant la figure du bon américain. Les personnages d’Eastwood, eux, sont plus ambigus, plus sombres, à la frontière du bon et du mauvais, souvent immoraux. Alors quand Clint Eastwood proposa à The Duke de lui donner la réplique dans The Hostiles, ce dernier lui répondit d’une lettre cinglante. Dans son viseur, L’homme des hautes plaines, tout juste sorti et connaissant un succès retentissant, mais que John Wayne a qualifié de “violent” et “révisionniste”, car il salirait l’image des pionniers américains. Dans le film, Clint Eastwood incarne un héros solitaire, meurtri et violent, image qu’il ne quittera plus jamais.