Faiblement représentés au sein du Festival Lumière cette année, les films de patrimoine africains restent méconnus du grand public. A défaut de conditions de conservation optimales et de soutien des pouvoirs publics, ces œuvres peinent à s’exporter. Mais des projets de restauration existent, coup de projecteur sur les initiatives en cours. 

Image extraite du film Wendemi, l’enfant du Bon Dieu de S. Pierre Yameogo Burkina Faso (Site du Festival Lumière)

Dans la programmation de l’édition 2022 du Festival Lumière, on retrouve seulement deux films réalisés par des cinéastes africains : Le Sixième Jour de l’égyptien Youssef Chahine et Wendemi, l’Enfant du Bon Dieu du burkinabé Pierre Yameogo.

Une rareté qui s’explique en partie par les difficultés de conservation de ces œuvres comme le souligne un rapport de l’Unesco consacré à l’industrie cinématographique en Afrique paru en 2021 :

« Les archives audiovisuelles stockées localement se sont progressivement détériorées, car les méthodes et les ressources de conservation étaient inadaptées, et les premiers documents
datant des années 1950 ont déjà disparu. »

Néanmoins, plusieurs projets ont été initiés pour préserver ce patrimoine en péril. L’un des plus importants est la Cinémathèque Afrique de l’Institut Français créée en 1961 et qui dispose d’un catalogue de plus de 1700 titres numérisés. L’institution est d’ailleurs à l’origine de la restauration de Wendemi, l’Enfant du Bon Dieu, projeté cette année au festival Lumière.

Des initiatives privées ont plus récemment vu le jour comme celle de la Film Foundation créée en 1990 par le réalisateur américain Martin Scorsese. Dans le cadre de l’African Film Heritage Project lancé en 2017, la fondation a restauré une dizaine de films datant des années 1960 à 1990. L’un des plus anciens est un court-métrage de 1963 intitulé Borom Sarret, réalisé par l’un des pionniers du cinéma sur le continent, Ousmane Sembene.

A cela s’ajoutent des structures nationales comme le Fonds d’archives Africain pour la Sauvegarde des Mémoires, installé à Dakar au Sénégal ou e la Cinémathèque Africaine de Ouagadougou, au Burkina Faso. Ces structures demeurent toutefois fragiles, faute de moyens financiers. La Cinémathèque de Ouagadougou a par exemple perdu des centaines d’exemplaires uniques de films en 2009, à la suite d’inondations.

Un accès encore difficile

Se pose enfin la question de l’accès à ces films, une fois restaurés. Ils ne sont accessibles pour l’instant qu’à une fraction du public. Leur consultation se fait généralement sur autorisation au sein des médiathèques ou lors de quelques festivals internationaux.

La diffusion de ces films auprès du grand public en Afrique est un enjeu primordial pour les cinéastes. Dans une interview donnée l’année dernière, Cheick Oumar Sissoko, Secrétaire général de la Fédération Panafricaine Cinéastes (FEPACI), déclarait à ce propos : « L’Afrique a vraiment besoin de sa propre image, de son regard témoin sur nos vies, nos sociétés ».