La Nuit Jurassic Park a fait le plein ce samedi soir à la Halle Tony Garnier. L’occasion pour des milliers de passionnés et de curieux de se retrouver, dans le cadre du Festival Lumière, pour (re)découvrir quatre films de la célèbre franchise. L’Écornifleur y était.

Pendant plus de neuf heures, la Halle Tony Garnier à Lyon a accueilli 5000 spectateurs fans des dinosaures de Jurassic Park, 16/10/2021, Lyon, © Jade Theerlynck

Quelques notes fredonnées par Juan Antonio Bayona, réalisateur de Jurassic World : Fallen Kingdom, suffisent à enflammer le public de la Halle Tony Garnier. Dans une ambiance quasi-religieuse, toute la salle reprend en cœur le thème musical composé en 1993 par John Williams, hymne de la franchise Jurassic Park.

Près de 5000 personnes étaient au rendez-vous dans la nuit de samedi à dimanche pour fêter Jurassic Park et les dinosaures. Arrivés en avance, les gens se pressent sur les quelques mètres qui séparent la grille des entrées de la Halle Tony Garnier. La dernière ligne droite après contrôle de pass sanitaire et fouille. Certains d’entre eux repartent délestés de leur bouteille de soda et de leur en-cas du soir, officiellement interdits à l’intérieur mais bien présents officieusement. Un scan plus tard, les spectateurs pénètrent l’enceinte de l’ancien abattoir, prêt à affronter une nuit pleine d’action.

Le retour des dinosaures

Jurassic Park III, grand absent de la soirée

Le succès de la Nuit au Festival Lumière se construit en amont. Pour maintenir les spectateurs alertes, le choix des films est primordial.

Pour leur Nuit Jurassic, les équipes du Festival ont tranché : seuls quatre films sur les cinq sont projetés. Au programme : Jurassic Park et Jurassic Park : Le Monde Perdu de Steven Spielberg, Jurassic World de Colin Trevorrow et Jurassic World : Fallen Kingdom de Juan Antonio Bayona. Exit Joe Johnston et son Jurassic Park III : le troisième volet de la saga n’est pas à l’affiche du soir. Un choix pour « ne pas terminer à neuf heures du matin », s’amuse Fabrice Calzettoni, présentateur de la soirée et responsable des Séances Jeune Public de l’Institut Lumière.

Peut-être pour une prochaine fois : un sixième opus sortira au mois de juin prochain, déclenchant une ovation dans la salle. 

Les dinosaures se sont de nouveau éveillés, sur grand écran, et le public a fait le pari de leur tenir compagnie pendant plus de neuf heures. Le temps nécessaire pour apprécier au mieux quatre des cinq films de la franchise, de l’original signé Steven Spielberg au dernier blockbuster de Juan Antonio Bayona. Cyril, 39 ans, est enthousiaste à l’idée de voir de nouveau les reptiles géants de son enfance s’animer à l’écran. « Je regardais ça quand j’étais tout gosse. Aujourd’hui je peux le revoir, à 39 ans, sur un grand écran avec un son qui va me replonger dans l’ambiance du film ! », confie-t-il avant d’entrer.

Pour l’occasion, de nombreux spectateurs, en bons aficionados, se sont parés de t-shirts arborant le célèbre logo de la licence ou sont vêtus de pyjamas intégraux et autres déguisements dinosauresques. Dans la file d’attente, d’autres ont plutôt misé sur le confort, anticipant la longue nuit qui les attend. Oreillers, couvertures ou plaids, tout est là pour éviter le mal de dos, ennemi des spectateurs de la Nuit.

La salle, comble pour l’évènement, écoute dans une forme de communion le discours de Juan Antonio Bayona, réalisateur de Jurassic World : Fallen Kingdom, venu tout spécialement de Barcelone, 16/10/2021, Lyon, © Jade Theerlynck

Un public hétérogène

Si les nostalgiques de la première trilogie ont bien répondu au rendez-vous et ont décidé d’affronter la Nuit Jurassic, un autre public plus jeune, de 12 à 15 ans, s’est également déplacé à la Halle Tony Garnier. Rien d’étonnant lorsque l’on sait que les quatre opus diffusés ont été tournés sur plus de 20 ans ! Le premier, réalisé par Steven Spielberg, a été diffusé en 1993, tandis que le dernier né, ne date que de 2018.

Guillaume, quant à lui, s’est retrouvé là un peu par hasard. Nouveau sur Lyon, il a « eu une place hier soir au dernier moment ». « Je ne suis pas fan du tout, mais l’événement m’intrigue », poursuit le trentenaire assis devant la Halle Tony Garnier.

À l’intérieur du bâtiment, des milliers de spectateurs sont installés face à l’écran géant. Un parterre de chaises est installé au pied de la scène, tandis qu’une passerelle mène aux gradins. De simples strapontins peu confortables, sont proposés au public, ce que regrette Claire, habituée des Nuits du Festival Lumière : « il faut anticiper et prendre un coussin, car ça devient vite douloureux ! », prévient-elle. 

« C’est un bon moment à partager ensemble ! »

Après une courte présentation de Thierry Frémaux, le premier film commence : coup d’envoi du marathon cinématographique ! Une immersion dans cette nouvelle ère jurassique qui débute sur l’Isla Nublar. Une île au large du Costa Rica sur laquelle l’excentrique philanthrope John Hammond a fondé Jurassic Park. L’occasion de découvrir les principaux protagonistes de la soirée : les dinosaures. Une ovation s’élève quand le fameux T-Rex rugît pour la première fois. Le chouchou de la salle est acclamé à chacune de ses apparitions ensanglantées.

Des moments de partage et de convivialité que sont venus chercher Marc, 56 ans, et son fils Abel, 14 ans. « C’est un bon moment à partager ensemble, on aimerait que la Nuit du Festival Lumière devienne une tradition ! », insiste Marc. Abel quant à lui a décidé de se challenger, « Pour Jurassic Park, je vais tenir toute la nuit ! ». 

Tenir toute la nuit…un véritable défi !

Tenir toute la nuit, c’est aussi l’objectif d’Angélique, qui travaille au service de restauration proposé à la Halle Tony Garnier pour l’occasion. « C’est très long et on a très peu de monde au bar… », déplore-t-elle avec ses collègues, patientant dans une semi-obscurité.

Pour les spectateurs titillés par la fatigue ou tout simplement lassés des strapontins rigides, un espace “dortoir” est proposé derrière l’écran géant. En réalité, quelques fins tapis posés sur un tatami, sous les poutres cuivrées de la Halle. Si trois petites filles s’y retrouvent entre deux films pour jouer aux cartes, beaucoup dorment à poings fermés. Laurène a choisi quant à elle de prendre cet instant de repos pour soulager son dos : « Je savais que je ne pourrais pas tenir plus de deux films », s’amuse-t-elle. Certains enfants, dans les gradins, se sont assoupis dès le premier film, les versions originales sous-titrées ayant eu raison de leur attention.

Quelques tapis espacés sur un tatami composent l’espace « dortoir », où viennent se reposer les spectateurs entre deux films ou pour plusieurs heures, 16/10/2021, Lyon, © Jade Theerlynck

La fin d’un rêve éveillé

Le combat final de Jurassic World réveille la salle, endormie sur les coups de 4h du matin. Un affrontement épique entre l’Indominus Rex, créature de synthèse, et le T-Rex, roi des dinosaures et emblème de la franchise, ravive l’enthousiasme du public. Le dernier générique de fin retentit à 6h35 sous les applaudissements, plus de 9h30 après le début du premier film. D’un seul homme, les milliers de spectateurs se lèvent et rejoignent les entrées, les traits tirés mais le sourire aux lèvres. Une “récompense” attend ces téméraires : un café et quelques viennoiseries, qui seront dévorées à la sortie, dans la brume matinale. Le point final d’une longue nuit.