Tous les ans, de nombreux artisans d’art profitent des journées du patrimoine pour faire découvrir leur travail. C’est aussi un enjeu économique majeur.
« Les Journées du patrimoine, c’est de la communication nationale gratuite », lance Géraldine Arbore en rangeant les objets dorés à la feuille d’or, d’argent ou de cuivre utilisés durant sa démonstration. Les tables encombrant la petite pièce ont été débarrassées pour permettre l’exposition de ses outils. Sur les murs, des cadres en cours de restauration côtoient des candélabres fraîchement dorés. « Après les Journées du patrimoine, je fais deux ou trois devis, et j’ai autant de demandes d’inscription pour les cours de dorure », ajoute-t-elle. « Il y a aussi du monde qui passe à la boutique avant Noël ».
Les visites de son atelier de dorure, situé sur les pentes de la Croix-Rousse, affichent complet durant ce week-end. Les particuliers constituent la majeure partie de sa clientèle, et les visiteurs présents durant les Journées du patrimoine sont des clients potentiels. Ces journées portes ouvertes constituent un enjeu crucial pour Géraldine Arbore, qui souligne que vivre de la dorure est difficile. Elle organise également des visites pendant les Journées européennes des métiers d’art, en avril, mais celle-ci ont moins de visibilité, et attirent deux fois moins de personnes.
« Les métiers d’art sont des métiers de passion »
Le constat est le même pour Bertrand Tavernier, artisan ferronnier. Pour le rencontrer dans son atelier, une heure de trajet depuis Lyon est nécessaire, avec un changement de bus au niveau de Caluire pour enfin atteindre Cailloux-sur-Fontaine. Dans le bus presque vide se croisent quelques habitants de la petite ville, mais aussi deux jeunes femmes venues découvrir le métier de ferronnier d’art.
Comme la plupart des visiteurs rencontrés ce jour-là, elles ont été informées de l’ouverture de l’atelier par le programme des Journées du patrimoine, relayé sur les réseaux sociaux et dans les journaux régionaux. Autour de la forge rougeoyante et de l’enclume où l’artisan sculpte l’acier, une vingtaine de personnes de tous âges et d’horizons très différents sont réunies. Leur intérêt pour la démonstration et les explications du ferronnier est évident : les questions fusent, parfois très précises, certains demandent à s’essayer au travail du métal.
« Ce sont des personnes qui, dans cinq ou dix ans, se souviendront de mon travail, bien plus que si elles m’avaient rencontré dans une foire », explique Bertrand Tavernier. « Les métiers d’art sont des métiers de passion, il faut les transmettre pour les préserver ». Depuis une quinzaine d’années, l’artisan ouvre son atelier à l’occasion des Journées du patrimoine pour dévoiler les coulisses de son métier. Comme lui, de nombreux artisans d’art profitent de ces journées portes ouvertes pour ouvrir leur atelier, ou se réunir dans des bâtiments historiques pour des démonstrations de leur travail.