À l’occasion du Festival Lumière, l’Écornifleur a visité trois cinémas originaux de Lyon. Dans le deuxième volet de cette série, la rédaction s’est rendue dans le sixième arrondissement de la capitale des Gaules, au Cinéma Bellecombe. Celui-ci est uniquement tenu par des bénévoles et permet de renforcer la vie sociale du quartier. Reportage.
Dimanche 8 octobre, 14h30. Au-dessus de l’entrée du lieu resté dans son jus, le mot “Bellecombe” apparaît en fer forgé. A ses côtés, un écriteau vertical “cinéma” à l’ancienne fend le ciel. Il faut ensuite traverser la cour du collège Notre-Dame de Bellecombe situé dans le sixième arrondissement de Lyon, pour atteindre l’endroit convoité. L’unique salle du lieu, où s’alignent des sièges en bois et cuir rouge des années 1960, est loin d’être pleine. “Il fait très beau aujourd’hui, et à cette heure-là c’est encore un peu tôt” explique Benjamin, la vingtaine, membre de l’association depuis 2021. Le bâtiment qui accueille ce cinéma derrière la gare Part-Dieu existe depuis 1900, selon la pancarte affichée dans l’entrée. Le Grand Chariot de Philippe Garrel, diffusé cet après-midi là, est sur le point de commencer. Une octogénaire, habitante du quartier, se rend régulièrement dans ce lieu : “C’est proche de chez moi, et c’est beaucoup moins cher que Gaumont ou Pathé.” En effet, le prix de la place oscille entre quatre et six euros pour des films sortis trois semaines auparavant dans d’autres cinémas. “Une aubaine” poursuit la spectatrice. Un autre spectateur, habitant le huitième arrondissement, raconte quant à lui “j’aime beaucoup le cinéma, alors je fais le tour de Lyon pour voir des films. Je suis déjà venu ici plusieurs fois.”
“Sans nous, c’est sûr que ce ne serait pas la même chose”
Avant que les portes ne se ferment et plongent la salle dans le noir, les bénévoles passent dans les rangs pour proposer des glaces à trois euros dans une corbeille en bois : vanille, chocolat, double-chocolat, caramel, il y en a pour tous les goûts ! “Une façon de renflouer les caisses” révèle Françoise, membre de l’association depuis dix ans et trésorière. Avant la séance de 17h30, la trésorière salue différentes personnes et discute avec elles. “Je suis tombée en ratant une marche. Je fais plein d’activités, comme de la randonnée, et c’est là que je me blesse…” souffle ainsi l’une d’entre elles. Françoise enchaîne : “C’est un lieu indispensable pour la vie du quartier. Sans nous, c’est sûr que ce ne serait pas la même chose.” L’association voit ainsi régulièrement passer des habitué·es. Permettant de nouer des relations non seulement entre les bénévoles et les spectateur·ices mais également entre ces dernier·es.
Grâce à l’association, des liens se créent aussi entre la trentaine de bénévoles. “Ça permet vraiment de sociabiliser et de créer du lien social entre nous” indique ainsi Benjamin. Pour faire fonctionner ce lieu, iels se répartissent entre la caisse, l’accueil des client·es et la projection. Chacun·e d’entre elleux vient en fonction de son emploi du temps. “On a de tout, les gens sont âgés de 21 à 75 ans” expose fièrement Françoise. “Il y a vraiment une bonne ambiance” ajoute-t-elle tout en étant approuvée par Victoire, bénévole nouvellement arrivée au mois de septembre, qui hoche vigoureusement la tête. “Nous faisons deux réunions de programmation par mois. Une avec une personne qui travaille dans le cinéma qui nous aiguille, souligne Benjamin. Puis il y a une deuxième réunion où on discute des films qu’on va mettre.” Au total, ce sont huit films qui sont programmés toutes les semaines. “C’est pour ça qu’on a souvent des films en version française. On réserve juste le mercredi soir aux films en version originale” précise Françoise. Les choix sont faits en fonction du public, composé généralement de personnes âgées ou de familles. La semaine prochaine, les cinéphiles pourront ainsi se régaler avec Mystère à Venise de Kenneth Branagh, La Petite de Guillaume Nicloux ou encore le Procès Goldman de Cédric Kahn. Sans oublier les plus petit·es qui pourront se divertir devant Capitaines ! de Nicolas Hu, Noémi Gruner et Séléna Picque.
Des bénévoles tout-terrain
Pour la projection, pas besoin de professionnel·les non plus. Certain·es bénévoles sont formé·es pour faire fonctionner les instruments bien gardés au premier étage. “On choisit ce qu’on veut parmi les trois rôles. Personnellement, j’ai une préférence pour la projection”, avoue ainsi Cat, une étudiante en cinéma, bénévole à Bellecombe depuis un an. Ce dimanche, c’est au tour de Victoire d‘être formée par Françoise, qui s’active derrière l’ordinateur et les projecteurs. Elle lui apprend les rudiments indispensables à connaître pour manier le projecteur. La trésorière pointe également du doigt “la fierté du cinéma”, le projecteur 35mm, qui fonctionne toujours, mais qui a été remplacé par un numérique en 2012. Elle doit se dépêcher d’effectuer tous les réglages, car la deuxième séance dominicale est sur le point de commencer. Cette fois, la salle voit davantage de visiteur·euses s’installer pour Toni en famille de Nathan Ambrosioni. Des têtes blanches dépassent, mais pas uniquement. Quelques familles sont également présentes. Il y a même de jeunes adultes, comme le prouve l’arrivée de deux retardataires, une minute après le début supposé de la séance.
Cette année, comme les précédentes, le cinéma a accueilli le 16 octobre un film du Festival Lumière : Un taxi pour Tobrouk, de Denys de la Patellière. La soirée était présentée par Nicolas Seydoux, le président-directeur général de Gaumont. “L’organisation du festival a même fait imprimer spécialement une affiche pour nous !” s’exclame en souriant la trésorière du cinéma Bellecombe. D’autant que l’événement attire “pas mal de monde en général !” souligne-t-elle.
Découvrir le Cinéma Bellecombe
Site internet : cinema-bellecombe.e-monsite.com
Téléphone : 07 87 96 17 62
Prochaines séances :
- Mystère à Venise de Kenneth Branagh : mercredi 18 et vendredi 20 octobre à 20h
- La Petite, Guillaume Nicloux : samedi 21 octobre à 20h30