A seulement 28 ans, Gabriel Agrimonti a déjà joué de l’orgue pour des cardinaux dans les plus grandes églises d’Europe. Passionné de cinéma, il s’apprête à improviser dimanche 22 octobre à l’Auditorium de Lyon sur The Manxman, un film muet d’Alfred Hitchcock. Rencontre.

« Je pense que les gens prennent de la drogue pour avoir des résultats que moi j’ai avec la musique » confie Gabriel Agrimonti avec un accent italien prononcé. L’organiste s’apprête, dimanche 22 Octobre, à accompagner The Manxman, un classique muet d’Alfred Hitchcock.

A 11 ans, Gabriel Agrimonti commençait des cours d’orgue à Parme. A 13 ans, il était déjà cotitulaire de l’orgue de la basilique Santa Maria della Steccata de Parme. A 27 ans, organiste titulaire et directeur artistique de l’orgue à Saint-Louis des Français, à Rome, une église ornée de trois tableaux de Caravage. Pour lui, l’instrument a un côté transgressif, presque tabou. « C’est un instrument qui est très difficile à imaginer. Il y a un côté interdit qui me plaît vraiment. » revendique-t-il.

De son propre aveu, le public de ses concerts est plutôt âgé. D’où l’intérêt des ciné-concerts : « C’est vraiment un moment pour moi où l’orgue devient démocratique ».

« C’est un peu comme un pilote d’avion en fait »

A l’inverse du piano, ou simplement appuyer sur une touche pour produire un son, l’orgue est bien plus complexe à maîtriser. « Il faut ajouter à la main, avec des boutons à côté, les sonorités qu’on veut. Ça nous permet de choisir quels timbres vont se jouer. On peut créer des mélanges », explique Gabriel.

Dans le cadre d’un ciné-concert, il faut ajouter la contrainte de l’image : « Il faut diviser son cerveau en trois. C’est un peu comme un pilote d’avion. » Suivre le film, jouer, et toujours avoir la bonne sonorité, le bon timbre. Un réel challenge, mais qui ouvre la créativité.

« Ça ne suffit pas de faire une description sonore de l’image. » L’intérêt de ce genre d’exercice, c’est de raconter quelque chose par la musique. Par exemple, un personnage semble au premier abord sympathique. « Ce qui est génial, c’est qu’on peut suggérer qu’il a quelque chose à cacher. »

« J’ai toujours besoin d’avoir un impact assez violent »

Hors des carcans du concerto classique, Gabriel peut en profiter pour partager la musique qui l’influence. « J’écoute de la musique de taré », répond-t-il lorsqu’on lui demande de détailler son Spotify. Du métal et de la musique électronique expérimentale en grande partie. « Chaque fois, la musique doit avoir un impact très fort. J’ai toujours besoin d’avoir un impact assez violent ; sinon, je ne suis pas satisfait ».

Un impact spirituel aussi. « J’ai la chance de vivre dans une église qui est vraiment magnifique à Rome. Et l’atmosphère qui se crée [quand je joue]. Même quelqu’un qui n’est pas croyant, peut y trouver de la beauté »

Alors, quand à 28 ans on est déjà reconnu que reste-t-il à faire ? « A l’avenir, je veux plutôt me concentrer sur la composition », confie Gabriel. Affaire à suivre. En attendant, l’organiste est à retrouver ce dimanche 22 Octobre, 11h, à l’Auditorium de Lyon.

Bastien Laurent