« Sous les radars » (12/12). Cachés ou invisibles, souterrains ou au-dessus de nos têtes, L’Écornifleur s’est rendu dans des lieux qui échappent aux regards. À travers cette immersion au cœur des Archives départementales et métropolitaines du Rhône, L’Écornifleur revient sur les missions et le fonctionnement d’un service qui abrite des trésors souvent méconnus.

En alignant toutes les boîtes du site, on arrive à 55 kilomètres d’archives. Photo Gabin Tochon

Le bâtiment est imposant. Il y a dix ans, les Archives départementales et métropolitaines du Rhône se sont installées dans le quartier de la Part-Dieu. De l’extérieur, on aperçoit les murs du rez-de-chaussée en granite, pour représenter la partie accessible au public. Les six étages supérieurs sont dorés et renferment des trésors. C’est ici que sont stockées quelques millions d’archives, ou plutôt quelques « 55 kilomètres linéaires » en langage d’archiviste, « à raison d’une dizaine de centimètres par épaisseur de boîte », complète Pierre Chamard.

L’enthousiasme du chef de projet numérique contraste avec l’ambiance à première vue austère et silencieuse d’un tel lieu. Il présente avec une attention particulière les principes d’aspirations révolutionnaires des services d’archives : « la liberté et la gratuité. » Derrière lui, on devine justement une partie de l’exposition «Ruptures et Fondations » qui porte sur l’héritage de la Révolution. C’est à cette période que les Archives nationales ont été mises en place dans le pays.

Les millions d’archives sont stockées dans la partie dorée du bâtiment. Photo Gabin Tochon

Aux Archives du Rhône, à ne pas confondre avec les Archives de Lyon qu’on retrouve à Perrache, les documents conservés vont du IXe siècle à nos jours. « Plus de 90 % proviennent d’administrations publiques comme les hôpitaux ou les services de justice », expose Pierre Chamard. Il arrive aussi que des acteurs privés comme des associations ou des syndicats déposent des pièces, ce qui est pour l’archiviste « intéressant car cela permet de mieux capter l’évolution de la société ». Sa collègue Elisa Sabatier, responsable de la communication interne complète : « Rappelons qu’un des objectifs est de permettre aux chercheurs d’écrire l’Histoire. »

Chaque jour, une vingtaine d'usagers consultent des documents sur place.
Archives départementales, vue du dessus. Photo Gabin Tochon

La visite continue au deuxième étage dans la passerelle vitrée qui surplombe la salle de consultation. On y observe une vingtaine d’usagers. L’un est occupé à la lecture d’un exemplaire du journal Le Populaire. « C’est un chercheur qui prépare un travail sur la SFIO sous la IVe République », selon Pierre. Derrière, un membre de la Société Généalogique du Lyonnais et du Beaujolais serait en train de numériser. « On finit par tous les connaître », avoue notre guide. S’il concède que chaque jour, il y a de nouveaux usagers et de nouvelles surprises, la démocratisation de ce service public reste difficile. « Beaucoup de gens pensent que c’est réservé à des initiés », déplore Elisa Sabatier. « C’est important de montrer que ce qu’il y a ici appartient à tout le monde et que chacun peut trouver un intérêt à venir consulter. » ajoute-t-elle.

Plus loin, un espace pédagogique est mis à disposition pour les enseignants. Il met en avant des copies de pièces emblématiques conservées. On retrouve les fonds du procès de Klaus Barbie, des cahiers de doléances ou encore le dossier de Caserio, meurtrier du président de la République Sadi Carnot à Lyon en 1894.

Pierre Chamard et Elisa Sabatier, devant des représentations de la ville de Lyon, qui diffèrent à travers les siècles. Photo Gabin Tochon

Désormais à l’intérieur d’un « magasin », local destiné à la conservation des documents, les deux accompagnants reviennent sur le parcours d’une archive avant d’arriver dans les mains d’un citoyen. Un tri s’opère tout d’abord, en s’appuyant sur des circulaires ministérielles. Débute ensuite le rangement dans lesdits magasins, salles ne dépassant pas 200 mètres carrés et équipées de portes coupe-feu. Elisa Sabatier explique que le bâtiment des Archives départementales et métropolitaines du Rhône a été pensé « comme une bouteille thermos avec une double peau pour limiter les variations de température auxquelles le papier est sensible ». Vient alors la numérisation. « Ici, quelques 14 millions de pages le sont », assure Pierre. « Mais si on l’étend à l’ensemble des documents, on ferait exploser les datacenters du monde entier  », plaisante le responsable de projet numérique.

En ligne ou sur place, les usagers peuvent alors consulter les archives souhaitées. Après s’être enregistré à l’accueil, des agents sont à la disposition des archivistes en herbe pour les guider et d’autres se chargent des allers-retours des documents entre le magasin et la salle de consultation.

De retour dans le hall à 16 h 14, des usagers sont sur le départ. Marie-José remet sa veste, déçue : « Je suis venue pour faire l’arbre généalogique de mes parents, mais je bloque à la deuxième génération. C’est dommage, j’avais embauché mon petit-fils pour l’occasion », ironise-t-elle.

  • Gabin Tochon

    Le bobo écolo de la promo arpente les rues de Lyon avec son vélo vert pour aller interviewer les acteurs de la transition. Si vous le cherchez, il n’est pas dispo. Il est sûrement trop occupé par la gestion de son média Ambiental ou par le visionnage d’un film “génial” que personne ne connaît.

Rédigé par

Gabin Tochon

Le bobo écolo de la promo arpente les rues de Lyon avec son vélo vert pour aller interviewer les acteurs de la transition. Si vous le cherchez, il n’est pas dispo. Il est sûrement trop occupé par la gestion de son média Ambiental ou par le visionnage d’un film “génial” que personne ne connaît.