Le Festival Lumière ne doit sa bonne tenue qu’aux centaines de bénévoles qui œuvrent chaque année pour sa réalisation. L’Écornifleur a décidé de suivre l’une d’entre eux, bénévole au festival depuis sa création.
Pull rouge caractéristique des bénévoles du Festival Lumière sur le dos et écharpe aux tons assortis, Ginette accueille les visiteurs comme elle les accueillerait chez elle. L’Institut Lumière semble être sa maison. Et pour cause, elle est bénévole depuis le tout début, en 2008. « Au début, le festival ne durait que trois jours », se souvient-elle. En ce lundi, depuis 10 heures, cette retraitée de l’évènementiel est préposée à la boutique de DVD du festival. Elle a commencé hier, et doit y passer la semaine.
Ginette fait partie des plusieurs centaines de bénévoles – plus de 800 l’an passé – auxquels fait appel le Festival Lumière pour la bonne tenue de l’évènement. Évidemment, la crise sanitaire a quelque peu chamboulé l’organisation, surtout pour la partie bénévole. La péniche, qui permettait les rencontres informelles entre bénévoles et invités, est ainsi fermée, mais l’organisation du festival n’a pas souhaité communiquer plus d’éléments sur le dispositif sanitaire mis en place, arguant que « les protocoles évoluent au jour le jour en fonction des annonces gouvernementales et préfectorales. »
« J’ai dansé avec Tarantino » : 12 ans de bénévolat et autant de souvenirs
Ginette n’en est pas à son coup d’essai concernant le bénévolat. Elle a ainsi participé à plusieurs championnats du monde de pétanque ou de GRS. La retraitée est aussi particulièrement engagée dans la vie de la cité, puisqu’elle a fondé un club de GRS à Monchat et qu’elle est également responsable d’un bureau de vote dans le 3e arrondissement de Lyon. « J’adore l’accueil et la vente », confie Ginette. Elle a l’air parfaitement dans son élément dans cette boutique de DVD. « On tourne, on range, on accompagne les clients ! » Elle avoue pourtant « ne pas y connaître grand-chose en DVD » mais elle a pris le temps de faire un tour, pour connaitre la boutique.
Du festival, elle ne verra pas grand-chose cette année. Le programme ne semble pas franchement l’enthousiasmer. Elle serait bien « allée voir Nana Mouskouri », qui rendra hommage à Melina Mercouri, mais les séances étaient complètes. « Les places sont parties en vingt minutes ». Elle qui aime tant croiser les « vedettes », comme elle les appelle, devra donc espérer les croiser dans les jardins du village Lumière.
Ginette a de nombreux souvenirs dans les salles du festival, qu’elle raconte avec plaisir. La personnalité qu’elle a détestée ? « Jane Fonda ». « Trop politique » pour elle qui préfère que les artistes ne s’impliquent pas en politique. Et son meilleur souvenir ? « Quentin Tarantino », répond fièrement la bénévole en dégainant son téléphone pour nous montrer la photo qu’elle a avec lui.
« Je l’ai rencontré en allant aux WC, raconte-t-elle. Il était de dos et se dirigeait vers les toilettes pour dame. Quand il s’est retourné, je l’ai reconnu tout de suite. Je ne parlais pas anglais mais je lui ai indiqué les sanitaires pour hommes ».
« J’étais dans son groupe pendant quatre ou cinq jours, on l’accompagnait dans les salles, ou bien je plaçais les spectateurs dans les salles où il présentait son film. On s’est même revus à la péniche le dernier jour, et il m’a fait danser, c’était super ! »
« Il fallait que le festival ait lieu ! »
Un invité est venu troubler la fête du Festival Lumière cette année : le coronavirus. Ginette Bourgin constate que « l’ambiance n’est pas la même ». « Habituellement, il y a la radio du Festival, un bar à bières, c’est très animé le village ! Les vedettes passaient bien, se promenaient dans le parc, avec Thierry Frémeaux [directeur du Festival Lumière, ndlr] qui leur faisait visiter. Avec le Covid, ils traînent et ne passent pas forcément ici. »
Les jauges limitées impliquent aussi que les places sont parties très vite. Ginette n’a pas pu profiter des six places offertes aux bénévoles pour les séances de leurs choix. Le Festival leur a promis « de faire une sélection de films projetés à l’Institut Lumière avant la fin de l’année et de nous donner une contremarque pour ces films-là », afin que les bénévoles soient tout de même récompensés. Car sans stars et sans séances, les contreparties du bénévolat ont été réduites à peau de chagrin. Pas de quoi faire baisser les bras à Ginette : « au moins le festival est vivant. J’ai beaucoup de peine pour les personnes qui ont préparé le festival depuis des mois. Elles se sont beaucoup battues, il fallait que le festival ait lieu ! »
À 16 heures, en sortant, Ginette confie : « On n’avait pas beaucoup de monde mais les personnes qu’on avait sont restées longtemps, elles avaient leurs listes et achetaient pleins de DVD ! ». Une journée calme, après un week-end chargé. Et ce n’est que le début d’une semaine complète de bénévolat pour Ginette qui chaque jour sera postée à l’entrée de la boutique de DVD, pour accueillir chacune et chacun avec son sourire chaleureux et un flacon de gel hydroalcoolique.