Au tribunal judiciaire de Lyon, le journal Mediapart a été relaxé, ce mardi 16 mars, après la poursuite en diffamation qu’avait intenté Éliane Houlette, l’ancienne cheffe du parquet national financier (PNF). Les allégations de diffamations ont cependant été reconnues. Le journal était poursuivi après avoir révélé, en juin 2020, des contenus d’écoutes et de rapports de synthèse pouvant mettre en cause la procureure.

Ce mardi 16 mars marque l’anniversaire des 13 ans de Mediapart, et le journal en ligne aura une chose de plus à célébrer ce jour : la 6ème cour du tribunal judiciaire de Lyon a décidé de relaxer le journal des faits de diffamation vis à vis d’Eliane Houlette, l’ancienne cheffe du parquet national financier (PNF).

Le 19 janvier dernier, en audience publique, le procureur n’avait pas formulé de réquisition. Deux mois plus tard, la présidente a énoncé son délibéré : « L’action diligentée a été déclarée recevable, et constate que les propos critiqués contenaient des allégations diffamatoires ». Cependant, elle déclare « la relaxe d’Edwy Plenel », directeur de publication du journal, car elle a reconnu « l’exception de bonne foi ».

Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, l’avocat de la magistrate, a indiqué à la suite du jugement que « la jurisprudence est unitaire en France dans les affaires notoires […], on ne gagne jamais quand on est la victime ». Il s’est cependant félicité que les propos « aient été reconnus comme diffamatoires » et a répété « que les écrits [de Mediapart] ont porté atteinte à l’honneur et à la considération » de sa cliente et que la « preuve de la vérité n’a pas été apportée, et pour cause, il y a eu un classement sans suite » (le 8 janvier dernier, ndlr.). Il a finalement indiqué, qu’à priori, il n’allait pas faire appel de la décision : « ça sert à rien. […] La presse à tous les droits ».

Du côté de Mediapart, l’avocat du journal Emmanuel Tordjman s’est « félicité que le tribunal ait une nouvelle fois reconnu le caractère légitime de l’information publiée dans l’article qui était poursuivi par Madame Houlette ». Pour lui, « ce qui compte, c’est la reconnaissance du caractère public de l’information ». Edwy Plenel a réagi dans un tweet publié quelques minutes après la décision :

Lors de l’audience du 19 janvier dernier, l’avocat du journal avait raconté que, depuis sa création le 16 mars 2008, « le journal [avait] fait l’objet de 260 procès, pour seulement 5 condamnations, sur un total de 30 000 articles publiés ». Voici donc une victoire de plus.


Pour relire les débats du 19 janvier dernier, nous avions publié un compte-rendu de l’audience à lire ici.