Conseiller communiste du 3ème arrondissement lyonnais, mais aussi salarié et militant, Hugo Patouraux jongle entre ses différentes casquettes, toujours au service du collectif.

Hugo Patouraux en manifestation © Geoffrey Deldon

« Les gendarmes nous ont mis dans le bus et nous ont renvoyé chez nous ». Hugo Patouraux se souvient, amusé, de sa première mobilisation au collège. Un blocus contre le contrat premier embauche (2006), un départ en manifestation sous la pluie et un retour à la maison, comme ses camarades, sous bonne escorte. Les prémices d’une vie militante au service des autres.

Le communisme comme boussole

La politique, c’est sa pierre angulaire. Intéressé par les autres, « sûrement [un héritage de sa] mère assistante sociale », le Savoyard doit sa politisation à une « prise de conscience personnelle » face aux « milliers de raisons de se révolter ». Et sa voie, ce sera celle du communisme. Il découvre la théorie marxiste l’année de son baccalauréat, passée à Marrakech pour le travail de son père. Il rencontre alors « une clé de compréhension du monde ».

De retour du Maroc, il s’installe à Lyon, loin de son « patelin » savoyard où « il y a plus de vaches que d’habitants». Sa vie militante s’accélère, les opportunités foisonnent. Après un bref passage par l’UNEF, il rejoint le Mouvement Jeunes Communistes de France (MJCF) et sa branche étudiante, l’Union des Etudiants Communistes (UEC). Il en devient l’un des dirigeants à l’université Lyon II, direction qu’il quitte suite à des tensions. Souriant, un brin timide, il reconnait volontiers « ne pas être toujours calme lors des débats ».

« La base au centre du mouvement », telle est sa vision du communisme. Il cofonde alors l’Union de ville de Villeurbanne, une structure à « l’ancrage plus local ». Mais il veut voir le « fonctionnement du socialisme en vrai ». Sa maîtrise de la langue de Che Guevara et des racines familiales espagnoles le guident : il s’envole pour Cuba. Dans ce pays « vanté par la gauche communiste », ses idéaux murissent. Il apprend, s’inspire, notamment d’un cours de planification économique. Mais pas d’angélisme vis-à-vis de la révolution cubaine : « lorsqu’on a pas d’attente réelle, on ne peut pas être déçu ». Il vante « le système de santé performant », mais reste marqué par des « photos de paysans sous-nourris avant la Révolution », exposées dans un musée de La Havane.

Rentré de cette « année enrichissante », il reprend ses multiples engagements. Pourtant, « usé », il arrête un temps la politique, lassé par le militantisme. « Une pause militante nécessaire ». Il trouve pourtant rapidement son second souffle. Il s’essaye à la politique professionnelle et devient chargé de mission à la mairie de Givors pendant près d’un an. Une expérience en demi-teinte, « la politique à temps-plein, ça ne m’a pas plu ».

« Perpétuellement travaillé par le désir d’être utile à la société »

« Révolté par les injustices, petites comme grandes » selon son frère, il souhaite très tôt s’engager pour les autres et rejoint l’Union nationale lycéenne (UNL). Son premier pas dans le militantisme. Pas le plus scolaire, lui qui a « toujours fait ce qu’on [lui] a dit de faire » choisit les sciences politiques et l’anthropologie, multipliant les missions d’intérim pour payer ses études.

Mais peu épanoui, il se réoriente vers les sciences sociales et l’économie en master, « pour avoir un métier utile aux autres ». Son intérêt pour les autres lui fait apprécier le terrain. Du mouvement contre la loi Travail aux Gilets jaunes, en passant par celui contre la réforme des retraites, il est de toutes les luttes. Il y échange, apprend : « cœur de la politique », les luttes sociales « l’enrichissent ». En parallèle, il monte une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) avec deux amis, désireux de « changer de modèle et de créer du lien social ».

Son expérience à la mairie de Givors terminée, il en tire un enseignement : la politique professionnelle n’est pas pour lui, « ça déconnecte des gens ». Pas question pour autant d’abandonner ses combats. Depuis plusieurs mois, il combine un emploi où « le salarié est au cœur des préoccupations » dans un cabinet d’expertise économique et financière et un poste d’élu. Conseiller d’arrondissement du 3ème arrondissement lyonnais depuis juin dernier, désormais chargé de l’emploi, de l’insertion et du dialogue social, il consacre son temps libre « à faire avancer les choses localement, à mon échelle ».