« Confluences » (4/6). L’Écornifleur révèle la richesse de personnalités lyonnaises qui ont émergé à la rencontre des idées, des arts et des destins. Lison Denet est à un moment de confluences de sa vie, la vingtaine. Entre les études et la vie professionnelle, elle a trouvé une place provisoire aux Subs, structure lyonnaise d’arts et de cultures.

Lison Denet, dans un café du 1er arrondissement de Lyon. Photo Margaux Niogret.

Rencontrer Lison, c’est comme aller prendre un café avec une amie. Elle discute, elle est enjouée, elle rit aussi, en expliquant : « C’est la première fois que je me fais interviewer. » Lison vit à Lyon depuis 2021 et a fait des études d’arts du spectacle, pour ensuite intégrer l’Ecole Nationale des Arts et Techniques du Théâtre (ENSATT), avant de commencer une formation en pré-master dans le spectacle vivant, qu’elle a stoppée en milieu d’année.

C’est sur les conseils d’une amie qu’elle songe à réaliser un service civique : « J’avais envie de faire une pause entre ma licence et mon master. Elle, elle a fait un service civique et ça avait l’air génial », se rappelle-t-elle. « Ça avait l’air d’être assez libre ».

Rayonnement de Lyon

Aux Subsistances se rencontrent personnalités, disciplines artistiques et regards culturels. Au sujet du public de ce lieu, qui vit d’expressions artistiques en tout genre, Lison explique : « Je pense que ce sont davantage des gens qui ont tendance à bouger, des personnes plutôt nomades. » En comparaison avec d’autres structures lyonnaises, les Subs se situent « dans un non-territoire » : pas vraiment dans le 1er arrondissement, mais à la lisière de la Croix-Rousse, juste en face du Vieux-Lyon. « Dans l’imaginaire des gens, les Subs c’est loin. »

Même si le public est plus difficile à fédérer selon elle, cette structure, elle l’aime beaucoup. Celle qui fréquente de nombreuses salles de spectacles à Lyon et travaille en tant qu’agent d’accueil au Théâtre National Populaire à Villeurbanne n’hésite pas à positionner les Subsistances comme un lieu à part : « Ils ont tendance à se questionner, à faire des trucs nouveaux ». Elle constate aussi : « Ils convoquent tellement de choses bizarres que la rencontre de tous ces éléments, de toutes ces pratiques, ça donne des trucs qui passent, ou cassent. »

Des missions confluentes aux rencontres un peu hasardeuses 

Ses recherches de petits contrats dans les milieux artistique et culturel la portent jusqu’à l’offre d’un service civique proposé par les Subsistances en 2024. Depuis début septembre, elle y est chargée de médiation auprès du champ social et éducatif. Lison entreprend de multiples missions.

En ce moment, elle encadre un projet d’éducation artistique et culturel, en partenariat avec des écoles du 9ème arrondissement, faisant partie des réseaux d’éducation prioritaire. Cette collaboration permet à des enfants de découvrir le cirque contemporain, une expérience qui la marque particulièrement : « Ils ont des lectures du spectacle et des analyses qui sont hyper justes et fines pour des enfants de 10 ans » rapporte-t-elle. Au-delà de ce projet, elle enchaîne sur le temps fort de la saison aux Subs, en janvier, intitulé « Sauve qui peut la vie ». Ce projet culturel croise la thématique des aliments du futur, des jeux vidéo, des arts plastiques, de la cuisine, du théâtre, des concerts… « Je ne sais même pas où ça s’arrête », rigole Lison en listant.

« Et là, je pense qu’en termes de rencontres un peu hasardeuses, tirées par les cheveux, on y est », souligne la jeune femme, faisant référence à sa vision de « confluences » dans la vie, qui sont pour elle « des rencontres qui ne devaient pas se faire. Peut-être un truc de hasard aussi. »

 « Les Subs, c’est un peu l’ado rebelle des structures culturelles de Lyon »

Elle décrit avec admiration les projets du site culturel, parfois en se moquant gentiment :  « Les Subs, c’est un peu l’ado rebelle des structures culturelles de Lyon. » Il est vrai qu’avec eux, on ne sait jamais à quoi s’attendre, ni vraiment ce qui s’y passe. La multiplicité et la mixité des événements sont parfois surprenantes. Elle poursuit : « Ils font leur truc, personne ne comprend trop ce qu’ils font, mais apparemment ça roule. » Et avec cette phrase, on en revient à elle : elle ne sait peut-être pas trop ce qu’elle veut faire, ni où elle en est, mais elle avance, et ça roule.

Il est peu probable que Lison trouve une place définitive aux Subs, la structure ayant cette espèce de rôle convergent entre la fin d’un cycle et le début d’un nouveau. Elle s’extasie de ce que les Subs attendent d’elle : « On a envie que tu apportes un regard neuf sur la structure, que tu puisses t’épanouir professionnellement. » Mais lorsqu’on évoque ses envies pour la suite et sa fin de service aux Subs en mai 2025, elle s’arrête tout de suite : « C’est un sujet un peu épineux parce que je ne sais pas me projeter. » Elle ajoute : « C’est des choses qui me travaillent beaucoup. » Mais elle se rassure en généralisant : « Et je ne suis pas la seule. C’est typique des 24-25 ans. Ça y est, il faut prendre des décisions. »

Est-ce que ce n’est pas cela aussi, cette confluence de questions qui survient durant la vingtaine ? Des rencontres et des choix qui, parfois passent ou cassent ; des expériences qui, comme Lison, nous font dire : « C’est trop bizarre de faire un choix comme ça, peut-être qu’il y a une issue qui déterminera ma vie pendant dix ans. »