La réputation de l’ogre vert, dégoûtant mais attachant, n’est plus à faire. Inattendu à l’affiche du Festival Lumière, Shrek a réussi le pari, dimanche 10 octobre, de rassembler toutes les générations à la Halle Tony Garnier de Lyon. Reportage.


Pour les 20 ans de la sortie du film Shrek, les rangs de la Halle Tony Garnier étaient presque complets, 10/10/2021, ©Elena Do

« Shrek c’est toute notre enfance ! », s’exclament Louise et Inès devant la Halle Tony Garnier de Lyon. A 23 ans, les deux amies sont loin d’être les seules milléniales nostalgiques à faire la queue pour assister à la projection du film d’animation. « C’est l’anti-Disney absolu, toujours aussi drôle et irrévérencieux », partage un peu plus loin Vincent avec sa bande d’amis. Âgés d’une vingtaine d’années, tous sont étudiants. L’ogre vert, ils l’ont d’abord connu en « VHS » à la télévision, puis ils l’ont redécouvert à travers « la culture meme d’internet ». Un moyen, pour ces enfants devenus grands, de se réapproprier l’icône multifacette.

Accompagnée par son père, Célia, 22 ans, s’installe dans les gradins. « J’ai fait découvrir Shrek à mes enfants lorsqu’ils étaient plus jeunes », explique Benoît, 50 ans. Père et fille apprécient le « côté décalé » de ce film, qui renverse les contes de fées traditionnels. Régulièrement convoquée par les spectateurs, la figure de l’anti-héros permet d’expliquer leur attachement à ce personnage à l’apparence rebutante. « Shrek est à l’opposé du prince charmant : il est sale, il rote, il pète, mais c’est aussi pour ça qu’on l’aime », reconnaît Célia. Mais si son père a tenu à assister à cette projection spéciale, c’est aussi parce qu’il est un « grand fan » d’Alain Chabat, la voix française de Shrek. 

« Tu sais l’Âne, il faut parfois regarder au-delà des apparences »

15 heures, la salle est pleine mais le film n’a pas encore commencé. C’est sous une salve d’applaudissements qu’Alain Chabat monte sur scène. « Lorsqu’on m’a proposé de faire le doublage de Shrek, je pensais qu’il s’agirait d’un petit film indépendant et intimiste », se souvient l’acteur, qui se félicite d’avoir accepté de prêter sa voix à ce personnage unique en son genre. A la question « Qui a déjà vu Shrek ? », toute les spectateurs lèvent la main. « C’est toujours bon de revoir Shrek sur grand écran », sourit Caroline, 43 ans. Un enthousiasme partagé par ses trois enfants, qui l’expriment à leur manière : « on aime bien ce personnage parce qu’il mange ses crottes de nez ! ».

L’ogre vert fait sensation dès le début de la projection. Ses répliques mordantes sont accueillies par les éclats de rires des spectateurs. Si Shrek met à mal les normes sociales, il invite aussi à s’interroger sur leur poids dans la vie réelle. Véritable éloge à la tolérance, le film distille un message fort, ponctué de bave de limace et de blagues potaches. Comment trouver sa place dans la société lorsqu’on est différent ? Une question en filigrane qui invite les spectateurs à la réflexion, quelque soit leur âge. « Tu sais l’Âne, il faut parfois regarder au-delà des apparences », philosophe Shrek. 20 ans après sa sortie, la morale du film n’a pas pris une ride.

« Nous montrerons Shrek à nos futurs enfants »


Véronique et sa famille sont venus déguisés pour assister à la projection de leur film préféré, 10/10/2021, ©Elena Do

A fin du générique, le public est conquis. Véronique 59 ans, a le sourire aux lèvres : « Ce film est un véritable classique ». Séduite par le « naturel de Shrek », la mère de famille est venue assister à la projection avec ses deux filles de 22 et 23 ans, ainsi que leurs petits amis. Affublés d’oreilles de Shrek et d’oreilles d’âne sur la tête, ils sont unanimes : « c’est un des rares films dans lequel il y a un vrai message, tout le monde devrait le regarder ». Shrek est devenu une référence incontournable de la famille, qui connait par cœur les répliques cultes du film. « Plus tard c’est certain, nous montrerons Shrek à nos futurs enfants », projettent les jeunes couples.

Devant le portail de la Halle Tony Garnier, c’est à présent l’heure du goûter. « C’était rigolo, on a adoré ! », s’exclament en cœur Suzie 7 ans et Minna 10 ans, tout en mimant leurs scènes préférées. Pour Gabriel, 8 ans, le film est particulièrement intéressant car Shrek n’est pas « une personne blanche ». « C’est différent des films de d’habitude », note le petit garçon. Une remarque qui fait sourire Emilie, 42 ans, sa maman. Avant de partir, Emilie et son amie Hélène confient la raison pour laquelle elles ne se lassent pas de revoir ce film qui « brise les conventions habituelles ». Shrek offre la possibilité aux spectateurs de s’identifier aux personnages de contes de fées : « Fiona est belle, même en étant imparfaite et en ayant un peu de poids en trop ». Et les amies d’ajouter : « c’est une princesse plus proche de ce que nous sommes ».