La 3ème édition du salon du DVD du Festival Lumière s’est tenue ce dimanche à Lyon. L’occasion pour les visiteurs de découvrir de nombreux films inédits et réédités. Mais aussi de prolonger l’évènement en achetant des DVD, comme un fragment de festival à rapporter chez soi. Reportage.

Les bacs de films au marché du DVD du festival Lumière © BLANDINE LAVIGNON

Des rangées de DVD à perte de vue. Au cœur du village du festival Lumière, dans le 8èmearrondissement de Lyon, chaque recoin du salon du DVD attire le regard. Au milieu de ce décor, une cinquantaine de visiteurs flânent. Ils regardent, hésitent, s’attardent. Certains font défiler un à un les titres de films sous leurs yeux, avec la lenteur de l’expérience. D’autres, au contraire, cherchent frénétiquement, avec déjà quelques DVD sous le bras. À l’image de Xavier, médecin aux lunettes colorées, qui peine à tenir une pile de DVD. « Je viens chercher des vieux films mais aussi des documentaires », témoigne ce féru de films historiques. « C’est la 5èmefois que je viens, je fouine comme à chaque fois, et j’ai toujours trouvé quelque chose ! », s’enthousiasme-t-il, tenant en main les œuvres complètes du cinéaste italien Pasolini.

« Je regarde un peu ce qu’il y a, par curiosité »

D’autres visiteurs ont plus de mal à trouver leur bonheur. « Ce n’est pas trop ma génération… », ose timidement Martin, la vingtaine, venu chiner des coffrets DVD de séries. Fraichement arrivé sur Lyon, il était venu spécialement pour le marché. Jean-Paul, lui, espérait trouver le film Ridicule(1997). « J’ai demandé, et apparemment, il n’est plus édité pour le moment », soupire le retraité. « Mais je regarde un peu ce qu’il y a, par curiosité. Parfois on peut tomber sur un trésor et se laisser tenter », affirme cet habitant du quartier, qui ne se rend jamais aux projections cinématographiques du Festival. Jean-Paul préfère le DVD, support que l’on peut garder et regarder sans contrainte temporelle.

Entre curieux, amateurs et novices, le public est éclectique et les générations se croisent. À l’image des centaines de DVD présentés ce dimanche. Au milieu des grands classiques du cinéma trônent des curiosités oubliées, comme les films de la pionnière japonaise Kinoyo Tanaka, qui viennent d’être réédités pour l’événement. Pour cause, le salon du DVD est aussi l’occasion de présenter le travail des éditeurs vidéo, des géants du milieu comme Gaumont vidéo, jusqu’aux plus confidentiels comme Le chat qui fume. Le prix des DVD oscille entre 9 et 16€ en moyenne, prix qui s’explique par le travail d’édition et de remasterisation dont ont fait l’objet les films. La plupart de ceux présentés ici sont difficilement trouvable ailleurs.

« Beaucoup de gens viennent chercher un DVD en particulier, on essaie de les guider pour qu’ils sachent où chercher », explique Suzie, bénévole tout l’après-midi au salon du DVD. Si c’est la première fois qu’elle y est volontaire, la jeune femme est une habituée du Festival. Affublée d’un t-shirt rouge aux couleurs de celui-ci, l’étudiante marseillaise compte bien profiter de sa fin de journée pour chiner quelques films elle aussi, « surtout les DVD de la sélection de cette année ! »

Les nombreux visiteurs cherchent dans les bacs, à la recherche de la perle rare © BLANDINE LAVIGNON

« Maintenant, il y a tellement de films que l’on se perd »

« Grands classiques », « cinéma du monde », « drame »… des petits écriteaux sont apposés devant chaque table. « Je regarde beaucoup les DVD de vieux westerns », souffle Romain, informaticien, qui s’attarde devant le rayon correspondant. Le jeune homme les collectionne, et espère réussir à agrandir son étagère. « La plupart de ceux que j’achète, ce sont des films que j’ai déjà vus, mais parfois, j’achète pour la découverte », précise-t-il. 

Un peu perdue au milieu du brouhaha incessant, Geneviève, béret blanc et grosse écharpe en laine, inspecte la table consacrée à Bertrand Tavernier. Co-fondateur du festival Lumière, il est décédé l’année dernière. « J’ai toujours aimé le cinéma, je fais partie de la génération qui allait au ciné-club, il n’y avait pas la profusion qu’il y a aujourd’hui. Maintenant il y a tellement de films que l’on se perd », confie cette octogénaire. « J’aime bien ce lieu, j’ai déjà trouvé des grands classiques », sourit l’ancienne disquaire, avant de conclure : « je suis venue respirer l’ambiance du Festival que je connais depuis quasiment le début ». 

Alors que les plateformes en ligne tendent à remplacer progressivement les boitiers DVD dans les habitudes des consommateurs, l’affluence au marché du Festival Lumière semble démentir la tendance. Collectionnable et physique, le DVD reste attrayant pour un large public. Peut-être pour le charme de rendre visible le support du film, et donc de lui conférer une certaine intemporalité.