Sur la piste du stade de la Duchère, à Lyon, le champion de France du 100 mètres T13  (déficience visuelle), Axel Zorzi, s’entraîne quotidiennement, avec pour objectif la qualification aux Jeux paralympiques de Paris. Stade de la Duchère, Lyon. 7 Mars 2024. © Tom Sallembien

Sept centièmes de seconde. à peine un battement de cils. Sur 100 mètres, c’est le temps qu’il manque encore au sprinteur Axel Zorzi pour atteindre les minima olympiques, lorsque L’Écornifleur le rencontre début mars.

La qualification aux Jeux Paralympiques de Paris cet été reste possible, à condition de battre son record personnel : le record de France de sa catégorie établi à 10’89. « Je suis dans une phase d’entraînement difficile donc je me sens fatigué. Je ne suis pas très optimiste, c’est normal », avoue-t-il. « Mais il y a des facteurs ouverts, je suis très rapide pendant les séances d’entraînement. »

Un rêve déjà frôlé

L’été dernier, l’athlète de 26 ans a frôlé son rêve. Les Championnats du monde de para-athlétisme à Paris avaient des airs de répétition générale, en vue des Jeux paralympiques 2024. Axel Zorzi finit cinquième, alors qu’une quatrième place était synonyme de qualification aux Olympiades. Après avoir franchi la ligne d’arrivée, un bug d’affichage l’annonce quatrième, provoquant l’acclamation du public français. L’exaltation fit place à la déception : « Ce jour-là, je me suis vu aux Jeux. J’ai que ça en tête depuis ».

« Je me suis vu aux Jeux »

Axel Zorzi a commencé à courir à 15 ans, « assez tard » admet-il. Après avoir assisté aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012, il décide de délaisser le karaté, le tir à l’arc et l’escalade pour l’athlétisme. Rapidement, Axel court vite, très vite. Après seulement un an de pratique, il décroche sa première médaille aux Championnats de France Para Athlétisme Jeunes. Six ans plus tard, il devient vice-champion d’Europe de sa catégorie, et rate la qualification aux Jeux pour deux centièmes.

« Quand je fais une course à fond, je ne vois rien »

Axel Zorzi court en catégorie T13 : « Ce sont les très malvoyants, mais on considère que tu peux courir tout seul sur un seul couloir ». Une maladie dégénérative atteint le fonctionnement de sa rétine, lui ayant fait perdre sa vision centrale et nocturne depuis sa naissance. Le peu de vision périphérique qui lui reste lui permet de prendre des informations au départ, avant que tout ne se trouble lorsqu’il prend de la vitesse. « Quand je fais une course à fond, je ne vois rien. C’est tellement intense et rapide. »

Si la qualification aux Jeux cette année est déjà un « challenge exceptionnel », le sprinteur assume avoir des ambitions pour l’édition de 2028 à Los Angeles. Mais aujourd’hui, les aides qu’il reçoit sont « très incertaines ». Axel Zorzi doit trouver des partenariats plus pérennes, ce qui rajoute du travail dans un emploi du temps déjà chargé.

Son quotidien est millimétré. En tenue à 9h30, au stade de La Duchère, l’athlète lyonnais s’entraîne jusqu’à midi. Après un déjeuner rapide, l’après-midi est consacré au renforcement musculaire. Le soir, les lumières s’éteignent vers 21h30.

À six mois des Jeux Paralympiques de Paris, Axel Zorzi continue sa course contre la montre : gagner un dixième de seconde avant mi-juin.