Victoria Sio, comment devient-on la doublure musicale de Valérie Lemercier pour Aline?
J’ai rejoint ce projet par hasard, début 2020. J’étais au concert d’un ami, Agustin Galiana, et j’étais à côté du directeur de casting du film, Bruno Berberes, que j’avais déjà croisé sur les comédies musicales Le Roi Soleil et Les Trois Mousquetaires. Il m’a alors dit penser à moi pour un gros projet, et m’a demandé de lui envoyer une démo de plusieurs chansons de Céline Dion. J’étais un peu réticente, je lui ai dit que ça allait être compliqué car je n’avais plus l’habitude de chanter aussi haut, mais je me suis finalement dit que ça serait un défi. J’ai donc envoyé ma démo, et quelques temps après, la production m’a appelée pour me rencontrer en vrai et faire d’autres essais. C’est là qu’on m’a expliqué qu’il allait s’agir d’un film de fiction, librement inspiré de la vie de Céline Dion, et qu’ils étaient en recherche d’une doublure vocale. J’étais vraiment motivée, mais avec le confinement, je n’ai plus eu de nouvelles. C’est seulement mi-mai qu’on m’a recontactée, et qu’on m’a annoncé que j’avais été choisie pour faire partie de l’aventure. Je n’avais alors que quinze jours pour apprendre plus d’une quinzaine de chansons de Céline Dion!
Comment est-ce qu’on aborde le fait d’interpréter les chansons de l’icône planétaire qu’est Céline Dion?
Très honnêtement, au début on se dit : “Quel challenge!”. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas Céline Dion, je ne connais pas quelqu’un qui n’est pas capable de chanter une chanson d’elle. Elle fait partie de nos vies, de notre évolution musicale. L’album “D’eux” que lui a composé Jean-Jacques Goldman, c’est un album référence que j’écoutais tout le temps en boucle, petite. Donc forcément, quand on sait qu’on est la doublure vocale de ce monument de la musique, on est un petit peu fière. Mais on a une grosse pression parce que c’est quand même Céline Dion, qu’elle a des millions de fans à travers le monde, qu’eux non plus, il ne faut pas les décevoir. J’espère qu’ils vont voir que ça a été fait avec beaucoup de respect, de tendresse. J’espère en tout cas avoir rempli ma part de job et que les puristes, les vrais fans de Céline trouveront ça plutôt réussi.
Vos interprétations sont très proches des chansons originales, comment vous-êtes vous préparée pour parvenir à un tel niveau?
Les intonations, le texte, l’accent américain, l’accent québécois…Tout devait coller le plus possible aux versions de Céline Dion. Pendant quinze jours, je me suis auto-coachée, j’ai mangé du Céline Dion, j’ai dormi du Céline Dion! J’ai écouté les titres des dizaines et des dizaines de fois. Je suis aussi allée voir mon phoniatre (médecin de la voix, ndlr) pour voir si tout allait de ce côté-là et pour être sûre que ma voix tiendrait le coup. J’ai eu ensuite tout un planning à respecter, entre ma coach vocale américaine, ma coach québécoise pour travailler mon accent comme me l’avait conseillé Valérie Lemercier. Il fallait que l’accent soit subtile, mais pas forcé, pas ridicule. Ma coach américaine, Angie Berthias-Cazaux, m’a permis d’atteindre des notes que je n’avais jamais atteintes. Elle a aussi été cheffe de chœur de Céline Dion sur une de ses tournées, donc elle connaissait un peu le personnage, sa façon de travailler. Donc c’était un gros travail, il fallait beaucoup de rigueur pour être sûre d’être prête le jour J.
Combien de chansons avez-vous dû interpréter pour le film et lesquelles?
Je ne suis pas sensée spoiler les titres des chansons, même s’il y a maintenant des avant-premières publiques un peu partout en France. Mais pour donner envie d’y aller, je peux vous dire que pour la plupart, ce sont vraiment des chansons qu’on a tous eu envie de chanter à un moment donné, comme la célèbre “Pour que tu m’aimes encore”. Le film retrace le parcours de Céline Dion de ses 5 ans jusqu’à ses 50 ans, donc il y a beaucoup de chansons du répertoire de Céline qu’on connaît, et d’autres qui le sont un peu moins. Il y a aussi beaucoup de chansons en anglais, notamment “My heart will go on”. Au total, c’est une quinzaine de chansons que j’ai dû interpréter, même si pour certaines, on ne les entendra pas en entier dans le film. Il y a aussi des passages où Aline fait quelques vocalises dans sa loge ou dans sa salle de bain, ce sont des moments que j’ai du également doubler.
Le personnage du film s’appelle Aline Dieu et non pas Céline Dion, est-ce que pour autant les chansons restent inchangées par rapport aux versions d’origine?
Bien sûr, ce sont les mêmes chansons, on respecte toutes les mélodies. En revanche, on s’approprie une façon de chanter, parce que c’est un film, donc il faut le jouer. Je me suis rendue compte, au fur et à mesure des séances studio, que ce que Valérie aimait au-delà de la performance vocale et des titres qui existent déjà de Céline Dion, c’était le petit supplément d’âme, le petit supplément de jeu. Elle voulait que ça s’entende dans mon interprétation, elle voulait qu’on entende la faille. On a apporté ces petits trucs en plus à chaque fois pour les scènes, pour bien les illustrer. Donc en plus du travail de chanteuse, j’ai aussi dû faire un travail d’actrice. Valérie était présente à toutes mes séances studio, et avant chaque chanson, elle m’expliquait pourquoi elle l’avait mise à ce moment-là dans le film, ce que ressentait Aline à ce moment-là dans sa vie, dans sa tête, dans son cœur, dans son parcours, et il fallait qu’en plus de respecter la chanson originale, j’y apporte tout ce qu’elle me disait. En studio, j’avais un grand écran de télé avec les scènes jouées par Valérie, sans musique, et moi il fallait que ma voix, mon souffle, ma respiration, se calent en même temps que ceux de Valérie lorsqu’elle a tourné les images quelques mois plus tôt. Toute cette synchro, c’était beaucoup de travail, beaucoup plus difficile que ce que j’avais pu faire auparavant sur les comédies musicales Le Roi Soleil ou Les Trois Mousquetaires.
Avant la fin de l’année prochaine, Victoria Sio sortira un single, ainsi qu’un EP au début de l’année prochaine à l’ambiance “électro-pop”. Un projet qui permettra à la chanteuse de montrer un peu plus de sa personnalité: “J’ai souvent été affiliée à des projets collectifs ou conceptuels, et je n’ai jamais eu vraiment l’occasion de faire voyager mes propres chansons, de faire découvrir aux gens ce que j’avais envie de dire. Cet album, c’est enfin l’occasion de le faire!”