Lucie Crouzier, Responsable de l’antenne Kabubu à Lyon. Le jeudi 28 octobre 2021. ©Mahmoud Naffakh

Lucie, 26 ans, a monté en 2020 l’antenne lyonnaise de Kabubu, une association réunissant des exilés et locaux autour d’activités sportives. Un projet en adéquation avec sa vision de la société basée sur les valeurs fédératrices : l’ouverture et l’inclusion.

« Le sport est beaucoup plus que la performance et la compétition. » Lucie a fait du sport le centre de sa vie et lorsqu’elle en parle, son sourire dégage la joie de quelqu’un qui vient de remporter un match.

Passionnée par le sport, Lucie a toujours été attirée par l’animation et la pratique sportive. En 2020, elle a rejoint l’association parisienne Kabubu qui prône l’inclusion des personnes exilées par le sport. D’origine swahilie, le mot Kabubu représente « un état d’esprit favorisé par les rencontres et l’amitié se nouant autour de la pratique sportives. » affiche le site officiel de l’association. Mais après l’instauration du premier confinement en mars 2020 pour enrayer la propagation de Covid-19, elle a décidé de s’installer à Lyon pour lancer une antenne de l’association. « Le but est de faire rencontrer les gens afin de déconstruire les idées reçues sur l’immigration. » explique-t-elle. Au moins une fois par semaine, Lucie mobilise des dizaines de bénévoles locaux pour organiser des promenades, courses à pied et petits marathons en ville avec des personnes exilées afin de favoriser la rencontre et lutter contre l’isolement. Si son travail se réalise en partie au bureau, Lucie participe le reste de temps aux activités sportives organisées par les bénévoles. « Récemment, avec Kabubu, je me suis mise à la course à pied et ai achevé les 10 km. » se réjouit-elle.

Mettre ses acquis Sciences-Po au service du sport

Ce n’est pas par hasard que sa passion pour le sport est née. Native de Bourg-en-Bresse dans l’Ain, l’endroit où elle a grandi, Lucie est la fille aînée dans une famille de quatre. « J’adorais le paysage. La verdure, la campagne et la montagne où je faisais énormément de randonnées. J’étais bercée par le sport […] surtout la natation, le basket et le volley », se souvient-elle.

Lorsqu’elle était étudiante à l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Grenoble, elle consacrait régulièrement ses exposés et dossiers à la thématique de l’éducation par le sport. « On ratait les cours pour faire du sport. Assume-t-elle sans remords avant de nuancer : « Il ne s’agit pas de sécher les cours, attention ! On avait une autorisation de l’administration. »

Pour son premier stage de 6 mois, elle s’intègre à l’association Big Bang Ballers (BBB) à Grenoble qui initie ses adhérents au Basket. Son implication se voit récompensée quand le conseil d’administration de BBB lui ouvre ses portes. Peu après cette « aventure », Lucie fut doublement diplômée en Master de son IEP ainsi que de l’université de Rabat où elle réalisait un cursus en parallèle.

En 2019, elle rejoint Play International à Paris, une ONG pionnière en matière d’éducation par le sport et de production de contenus à visée pédagogique. En tant que volontaire en service civique, elle contribue alors à l’animation des séances sportives, pour les professeurs comme pour les enfants. « Pourquoi ne pas mettre mes acquis et connaissances à Sciences Po au profit du sport ? » s’interroge-t-elle en s’estimant chanceuse de pouvoir faire ce qu’elle aimait depuis toujours.

« Tu fais ça toute seule ? » 

Grâce au chemin parcouru et à son enthousiasme singulier, l’entrée en marché de travail de Lucie, en 2020, est souple et en harmonie avec ses envies. « J’ai été d’abord recrutée en CDD dans le projet Ambassad’or de Kabubu à Paris dont le principe est de former des bénévoles locaux et exilés à organiser des événements sportifs inclusifs. » Mais ces activités ont été interrompues par l’arrivée de la COVID-19 en mars 2020. Ne voulant pas abdiquer face à cette nouvelle réalité, elle décide de s’installer à Lyon pour y monter une filiale de l’association. C’est un succès : en l’espace d’un an, plus de 150 bénévoles locaux sont régulièrement mobilisés.

« Tu fais ça toute seule ? ». Lorsque que Yann, un étudiant en Master, a débarqué chez Kabubu pour un stage à l’été 2021, c’est ce qu’il a demandé à Lucie. « C’est assez impressionnant de voir tout ce qu’elle a réussi à mettre en place, malgré le contexte pandémique. Et tout avec toujours le sourire ! » se souvient-il.

Difficile dans ce type d’activité de démêler le sport de la vie personnelle, et Lucie le revendique :

« Peu importe d’où l’on vient, on est réuni par l’universalité qu’incarne le sport. Plusieurs sont devenus des amis et c’est une bonne chose car après tout, nous sommes humains. » affirme-t-elle.

Lucie se projette d’emblée vers l’avenir et a des idées plein la tête. Pour la fin de son contrat avec Kabubu, un projet semble déjà se profiler. Elle espère voyager en Nouvelle-Zélande. Avec un nouveau défi : faire la Te Araroa Trail, une route de randonnée qui s’étend sur 3000 Km.