Sorti en 1957, Douze hommes en colère est un film culte dans l’histoire du cinéma. Alors que le Festival Lumière met à l’affiche l’œuvre du réalisateur Sydney Lumet, L’Ecornifleur est allé voir le film en avant-première… avec soixante-cinq ans de retard. Notre avis. 

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« Allez voir Douze hommes en colère, sur une heure et demie, il n’y a que trente secondes à critiquer », écrivait le quotidien France-Soir en 1957 à la sortie du film. Mon avis n’en est pas loin… à trente secondes près.

Intéressé par le cinéma sans être cinéphile, j’avais vaguement entendu parler de ce film. Malgré des critiques dithyrambiques, j’ai longtemps rechigné à le visionner. Je pensais bêtement qu’un film aussi vieux pouvait difficilement emporter mon adhésion. Grave erreur, le film vous prend du début à la fin. D’abord, par le biais d’une intrigue simple mais efficace : le procès d’un jeune homme accusé d’avoir tué son père d’un coup de couteau, risquant ainsi la peine de mort. Le tout dans un huis-clos quasi parfait dans lequel on est plongé tout du long. 

Si ce film ne vous dit rien, cela n’a rien de si étonnant, il est sorti il y a soixante-cinq ans tout rond. Il demeure qu’il est considéré comme un des meilleurs film de l’histoire tant par les critiques que par le public. Dans son classement des meilleurs films de tous les temps, le site Allociné le classe 4ème, entre La ligne Verte et Le Parrain, rien que ça. 

Diffusion inédite dans six cinémas lyonnais

Si L’Ecornifleur vous parle de ce film aujourd’hui c’est parce qu’il sera projeté sur grand écran cette semaine dans le cadre du Festival Lumière, le temps de six séances et, dans six cinémas différents, une occasion à ne pas rater. Cette annéee le Festival Lumière met en avant les travaux de Sydney Lumet, grand réalisateur américain qui a eu l’honneur d’être nommé aux Oscars pour quatorze films différents et d’être lauréat d’un oscar d’honneur en 2005 pour l’ensemble de son œuvre. À ce titre, quatorze de ses films seront diffusés la semaine prochaine dans les cinémas lyonnais. Considéré comme le « maître du polar juridique », Sydney Lumet réalisait avec Douze hommes en colère, son tout premier film au cinéma, une entrée en matière remarquable qui lui a permis de remporter l’Ours d’or de Berlin (pas mal pour un début). 

Rentrons maintenant dans le vif du sujet. D’abord, Douze hommes en colère est l’archétype du film à huis-clos. Pendant 1h30, vous serez enfermés entre quatre murs avec les jurés d’un procès pour meurtre. Douze hommes blancs, d’âges et d’origines sociales différentes, qui doivent se mettre d’accord sur l’affaire d’un jeune homme de famille précaire qui aurait assassiné son père d’un coup de couteau dans la gorge. Coupable ou non ? Alors que tout accuse le jeune homme, seul un doute légitime pourrait lui éviter de passer sur la chaise électrique. Un véritable procès dans le procès a donc lieu, les jurés reprenant un par un tous les éléments de l’enquête, les retournant dans tous les sens pour y déceler d’éventuelles incohérences. 

Si l’action débute dans un cadre relativement léger, à mesure que le film avance, le suspens s’intensifie, la tension aussi, le tout exacerbé par des plans de plus en plus serrés sur les visages des protagonistes et une luminosité qui baisse drastiquement en même temps que les conditions météorologiques se détériorent. 

Henry Fonda crève l’écran

Ce qui marque le plus, c’est l’aspect psychologique de l’œuvre de Lumet. Elle interroge sur comment les hommes prennent leurs décisions en mettant notamment l’accent sur l’influence que peuvent avoir les autres et comment les histoires personnelles de chacun vont se répercuter sur une décision qui fera basculer la vie d’un jeune homme. Le film met également en cause la persistance des préjugés, ce qui rend le film toujours aussi actuel. Ces derniers vont altérer une affaire judiciaire qui ne devrait être jugée que sur les faits. 

Le jeu d’acteur est remarquable. Sans connaître grand-chose de leurs vies et pas même leurs prénoms, on décèle vite la personnalité de ces douze personnages avec leurs valeurs et leurs contradictions. Henry Fonda, illustre acteur américain récompensé d’un Oscar en 1982, crève particulièrement l’écran dans son rôle d’homme seul contre tous. 

L’avis de L’Ecornifleur : il faut aller voir ce film. Si les images, les sons et les références ont pris des rides, on apprécie son aspect vintage et la qualité de sa réalisation. En ce qui concerne l’intrigue, ce film qui a trois quart de siècle est toujours aussi moderne. 

Informations pratiques :

Projections du film Douze hommes en colère 

Pathé Bellecour lundi 17 à 10h45 | Vénissieux mardi 18 à 20h | UGC Astoria mercredi 19 à 17h45 | Décines jeudi 20 à 20h | UGC Confluence vendredi 21 à 18h15 | Comœdia dimanche 23 à 14h30

Le programme complet du Festival Lumière 2022 : https://www.festival-lumiere.org/media/festival-lumiere-2022/tract-prog-fl2022-web.pdf