Grand passionné de bricolage et débordant de curiosité, Émilien a testé divers métiers manuels. Sa plus belle aventure à ce jour est d’avoir été cordiste. Portrait, d’un touche-à-tout, curieux et amateur de sensations fortes.
Le bleu doux de ses yeux contraste avec ses mains massives et puissantes de bricoleur. Emilien aime apprendre par la pratique et s’ennuie très tôt à l’école. Il souhaite rapidement entrer dans le monde du travail. Dès son plus jeune âge, il accompagne sur les chantiers son père qui est artisan. Il se rend compte aujourd’hui à 32 ans, de l’importance de cette opportunité. « J’ai eu de la chance d’avoir un père qui m’a fait partager sa passion, le bricolage ».
Mordu de bricolage et d’envie d’apprendre
« Bricoler, c’est devenu mon plaisir ! ». Dans le cadre de cette passion, son père devient rapidement son mentor. Il l’écoute et demande ses conseils. « Si le conseil ne vient pas de son père, il aura tendance à ne pas le prendre en compte », regrette Amandine, sa compagne. Véritable touche à tout, c’est dans la création de meuble qu’il semble particulièrement s’épanouir. L’objet dont il est le plus fier est une table en bois naturel végétalisée.
Son premier salaire, il l’obtient à 18 ans dans un petit garage à l’ancienne où le patron lui apprend à être toujours actif car selon lui « il y a toujours un truc à faire ». Finalement après deux ans, son envie de découvrir de nouveaux métiers, l’emmène à démissionner et à s’inscrire dans une agence intérim. Durant plusieurs années, il s’essaie à différents métiers, dans l’industrie, l’agriculture et le service commercial mais ne reste jamais très longtemps sur chaque poste. Il déteste la routine. Il aime tirer le positif de ses expériences qui enrichissent de plus en plus son CV. A 22 ans, son profil intéresse les recruteurs qui voient en lui, un jeune homme curieux, enrichi d’expériences et au profil manuel.
« Cordiste a été l’une de mes plus belles aventures »
Après une mauvaise expérience dans la chaufferie industrielle car les conditions de travail étaient très difficiles et dangereuses, il souhaite découvrir une profession qui sort de l’ordinaire. Sa curiosité l’amène à s’intéresser au métier de cordiste. Afin de réaliser des travaux en zone difficile d’accès et hors d’atteinte des échafaudages, le cordiste travaille en hauteur soutenu par des cordes. Ce métier plutôt méconnu a été mis en lumière par la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Malgré les contraintes qu’engendrent cette profession et la peur de s’éloigner de ses proches, il décide de franchir le pas et s’inscrit à la meilleure formation de France à Millau. Durant un mois, dans des conditions météorologiques difficiles, il perfectionne ses compétences dans l’escalade et dans la connaissance du matériel et du protocole de sécurité. « Cordiste est un métier à part qui change l’environnement de travail en un lieu extraordinaire ».
A la fin de cette formation, il rencontre un cordiste qui lui propose de l’accompagner sur un chantier sur la Tour Eiffel. Enthousiaste, il accepte. La Tour Eiffel est le rêve de tout cordiste et il fait parti des rares élus fraîchement diplômés à y accéder. L’aventure consiste à remplacer le réseau de caméras de surveillance. A 20h, après s’être équipés, ses collègues et lui attendent la sortie des derniers touristes. « Ils nous regardaient comme des héros. On montait via les escaliers de la tour et on était accroché avec un harnais, c’était très impressionnant ». « J’étais suspendu à plus de 270 mètres du sol, c’était magique Paris, la nuit ». Pour des raisons de sécurité, les cordistes travaillent toujours en binôme. « Mon binôme était plus expérimenté que moi, j’ai beaucoup appris durant les trois mois passés avec lui ». Mais lors d’une mauvaise manipulation, il a vécu sa plus grande frayeur. « J’ai perdu l’équilibre et je me suis retrouvé suspendu dans le vide. Malgré mon équipement très lourd, je suis arrivé à me replacer sur la structure ». Mais cette mésaventure n’a pas eu d’impact sur lui car il a enchaîné avec des travaux d’étanchéité sur les toits du palais de Beaubourg et de sécurisation sur les façades de vieux immeubles parisiens.
Il garde de très bons souvenirs de cette période où il a eu l’impression de ne jamais entrer dans la routine : « chaque jour laissait place à l’inattendu et à l’apprentissage de nouvelles connaissances ». Et ce qu’il aimait par-dessus tout : « il n’y avait pas de hiérarchie, tout le monde était à la même hauteur ». Néanmoins, il n’était pas prêt à affronter les conditions de travail qui impliquaient beaucoup de déplacements, des horaires de nuit et une grande forme physique. A ce jour, il est retourné à sa première passion : le bricolage et ne regrette rien. « J’ai appris et découvert tant de choses grâce aux métiers manuels. Si c’était à refaire, je ne changerai rien à mon parcours ».