L’Écornifleur est retombé en enfance ce premier dimanche du Festival Lumière et s’est mêlé aux familles venues découvrir (ou re-découvrir) trois courts métrages du personnage phare de Charlie Chaplin, l’intemporel Charlot.
C’est une Halle Tony Garnier immaculée que nous retrouvons ce dimanche 13 octobre : les confettis rouges et argentés de la soirée d’ouverture de la veille ont fait place aux familles venues pour un ciné-concert pas comme les autres.
Les plus jeunes sont encore en train de jouer entre les gradins lorsque les lumières s’éteignent. A l’écran, une cabane en équilibre au bord d’une falaise apparaît : les centaines d’enfants présents s’esclaffent à la vue de Charlot et son acolyte qui se démènent pour survivre dans La Ruée vers l’or.
Durant près de deux heures, des courts métrages de Charlie Chaplin se succèdent en noir et blanc. Accompagné au piano par Serge Bromberg, Charlot fait rire petits et grands dans des scènes tournées à la fin des années 1910. En plus des rires, les chuchotements des parents expliquant les intertitres aux plus jeunes couvrent de temps à autres la mélodie.
S’il y a des rires, il y a aussi des larmes : quelques parents quittent la salle avec leurs enfants en pleurs, effrayés par Goliath. Cette brute de deux mètres, aux inquiétants sourcils et à la barbe épaisse, semble au contraire fasciner les plus grands. Ils rient aux éclats quand le personnage dégringole un escalator dans Charlot chef de rayon. Un peu plus tard, quelques petites mains applaudissent même quand Chaplin réussit à le ridiculiser dans Charlot s’évade.
Des critiques en herbe
Après la séance, nous croisons Mathis accompagné de ses parents : « C’est très très vieux… Mais c’était drôle, très drôle » improvise le jeune critique de huit ans et demi.
Même constat chez Salomé et son frère Maximilien, neuf et douze ans, des habitués des films de l’institut Lumière : « C’est sympa les films en noir et blanc, même si c’est différent d’Aquaman, le dernier film qu’on a vu ». Le héros tout en muscle du blockbuster américain a en effet un trident, alors que Charlot ne sort jamais sans sa canne…
Loin d’être désuets, ces instants de cinéma muet n’ont pas manqué d’émouvoir : « Surtout la scène où la veuve et sa fille se font voler le peu d’argent qu’elles ont » commente Thomas, neuf ans et demi, au sujet de L’Émigrant. Interrogé sur l’époque des films qu’il vient de voir, le petit brun hésite : « Ils ont dit que c’était dans les années 1960 je crois » .
Cette approximation fait sourire sa maman, pour qui faire découvrir ces films est précieux : « C’est fabuleux de pouvoir montrer des films comme ça à ses enfants. Petite, mes parents me les avaient montrés, j’espère que mes enfants feront de même quand ils deviendront parents ».
Plus qu’un moment dans une salle obscure, les grands classiques du cinéma sont surtout un acte de transmission. Plus d’un siècle après sa sortie, les enfants rient toujours de l’intemporel Charlot. Rendez-vous dans cent ans !