The Irishman, dernier film du (grand) Martin Scorsese, a été projeté en avant-première à l’Auditorium ce mardi. Bien qu’il soit considéré comme un sérieux candidat à la course aux Oscars, il ne fera l’objet que d’une série très limitée de projections. Le responsable de cette maigre diffusion en salles obscures ? Netflix, bien sûr. Nous nous sommes rendus à l’Auditorium, pour savoir de quel oeil le public cinéphile du festival voyait ce bouleversement.

Une place dans le monde du cinéma

New York, Londres, Rome… Après celui de Lyon, le dernier né de Scorsese va faire le tour des plus grands festivals de la planète. Avant le lancement officiel du film sur la plateforme, le 27 novembre, Netflix a choisi des événements de prestige pour montrer sa dernière production. La volonté ? Pour certains : “Il est évident qu’ils veulent se faire bien voir du monde cinématographique, mais on n’est pas dupes”, assure avec aplomb Julien, un jeune festivalier, pourtant de la “génération Netflix”.

Il semblerait donc que la multinationale américaine tente de s’offrir une caution 7ème art avec une tournée mondiale. Cela ne nous surprend pas. En cherchant, on apprend vite que Netflix vient de rentrer dans Motion Picture Association of America. Mais qu’est-ce que c’est ? La MPAA est une association professionnelle qui défend les intérêts des plus grands studios hollywoodiens sur le sol américain. Quand nous avons énuméré ces géants du cinéma, nombre des spectateurs ont écarquillé les yeux. Désormais, parmi Paramount Pictures, Warner Bros, on pourra compter Netflix.

Un accueil mitigé

A la sortie de la séance, nous demandons au public venu – souvent dubitatif – voir The Irishman, ce qu’il en a pensé. Le verdict est majoritairement très bon : avec un casting pareil, il semblait difficile d’être déçu. Avec Al Pacino, Robert De Niro et Joe Pesci, Martin Scorsese a fait fort et a marqué les esprits, nous le ressentons. Mais ce qui nous intéresse, c’est plutôt le producteur qui se cache derrière cette apparente réussite. Netflix signe-t-il la fin du cinéma ?

“Pour moi l’arrivée de Netflix en salle, même si les projections sont limitées, ça ne signifie pas la fin du cinéma. Il y aura toujours des amateurs de “vrai cinéma” et le monde du 7ème art n’en est pas à son premier chamboulement. Les deux vont coexister.” nous explique Marc, ancien projectionniste qui ne perd pas espoir en l’avenir d’un cinéma nouveau.


Pour d’autres, l’arrivée de Netflix est de mauvais augure : “On va finir par ne plus se déplacer. Avant, quand il pleuvait, on allait au cinéma. Maintenant, on ne se déplace même plus, ça perd de son charme”, contredit Céline, nostalgique des salles obscures.

Il semblerait donc que si le maître du streaming de haute qualité se fait une place dans le monde du cinéma, l’accueil sera à demi-teinte : en lettres rouges ou en noir et blanc ?

Agathe Gouesmel