“Tu ne connais pas l’astuce pour garder du pain plus longtemps ? Il suffit de le passer sous l’eau et de le mettre quelques minutes au four !”. Voilà les conseils que l’on s’échange chez les Éco-Charlie. Cette association, dont le principe est de récupérer les invendus bios de plusieurs magasins puis de les redistribuer, propose une solution pour mettre fin au gaspillage et à la précarité alimentaires. Quel fonctionnement ? Quelles promesses ? Immersion.
Un engagement citoyen
L’initiative a été lancée à Paris en 2016, et aujourd’hui plusieurs antennes existent, notamment à Lyon. J’ai donc voulu comprendre comment une association telle que celle-ci pouvait, en 2019, proposer une vraie solution à la malnutrition et au gaspillage sans débourser un sou.
Jeudi soir, je me rends devant une boulangerie du 7ème arrondissement de Lyon, un des points de récoltes. Devant, je retrouve Audalys et Sylvain, deux nouveaux adhérents. Ils me racontent qu’ils ont entendu parler des Éco-Charlie par des connaissances, et que c’est souvent le bouche-à-oreille qui ramène de nouvelles personnes au sein du groupe. Je leur demande de m’expliquer le sens de cette association, et pourquoi ils se sont engagés.
“Le concept est vraiment intéressant. On participe à la récupération, on lutte contre le gaspillage et on en profite aussi”, m’explique Sylvain alors que nous marchons vers le point de rassemblement, les bras chargés des baguettes destinées à être jetées.
“En plus, ça nous oblige à cuisiner des produits frais”, rajoute Audalys. Pour ces deux adhérents, l’association est avant tout un engagement citoyen, mais aussi une solution économique, et une façon pour eux de mieux manger.
Gratuité et simplicité
En arrivant au point de rendez-vous, un bar du 7ème arrondissement, je rencontre les autres membres déjà arrivés. Sur plusieurs tables sont disposées les premières récoltes, et je comprends que nous attendons une centaine de kilos de nourriture ce soir, comme c’est très souvent le cas. Je rencontre Leny et Christian, deux membres fondateurs de la branche lyonnaise de l’association. Alors que les autres participants arrivent avec leurs butins, à vélo ou à pieds, je tente de saisir quelles sont les valeurs qui dirigent ces actions.
“C’était important pour nous que tout soit gratuit : l’inscription, la participation, la redistribution.”
En effet, en deux clics, c’est fait : je n’ai eu qu’à entrer mon nom dans le fichier Excel fourni sur la page Facebook des Éco-Charlie, et indiquer à quel magasin j’allais me rendre, pour m’inscrire. A mesure que nous discutons, les tables se remplissent et sont maintenant jonchées de fruits et légumes en tous genres. Je comprends que derrière ces sacs de pains encore frais et ces montagnes de produits à peine abîmés, il y a une vraie volonté de changer la consommation. Ici, on ne jette rien, tout est consommé ou transformé en compost.
Un lien social
Quand toutes les denrées sont disposées, le signal est donné : nous pouvons aller nous servir. Les organisateurs veillent à ce que chacun récupère la même quantité. Les personnes qui passent peuvent prendre ce qui les intéresse.
Tout le monde discute, on s’échange des conseils, on s’apprend comment mieux manger. L’ambiance est amicale, conviviale. “L’objectif est aussi de se sociabiliser, de se cultiver, de sensibiliser”, me raconte Leny. Gaylord, adhérent depuis plusieurs mois déjà, m’explique que c’est pour rencontrer du monde qu’il a suivi le mouvement de l’association.
En plus de ces récoltes, l’association projette des films avec l’idée de véhiculer des valeurs altruistes et de donner une nouvelle conception de la consommation. Elle est d’ailleurs très régulièrement présente sur les réseaux sociaux.
Agathe Gouesmel