Depuis 2018, le Festival Lumière organise le Salon du DVD et du Blu-ray, en présence, cette année, d’une trentaine d’éditeurs vidéo. Incontournable lieu de rencontre pour les puristes, cinéphiles mais aussi les curieux et les fouineurs. C’est aussi l’occasion d’en apprendre plus sur « L’histoire sans fin de nos étagères », au cours d’une conférence.

En 2025, le Salon du DVD et du Blu-ray compte sept éditeurs de plus qu’en 2024. Photo Elise Carrel

À l’entrée du 7e Salon du DVD, Laurent Bouvier, cadre de 55 ans, a pris une journée de congé pour participer à sa quinzième saison en tant que bénévole pour le Festival Lumière. Ce dimanche 12 octobre, il est chargé de comptabiliser, boîtier en main, chaque visiteur. Cette année, la barre des 2000 clients a été dépassée. Pas spécialement mordu de DVD, il explique sa présence au Salon, en disant entre deux clics : « J’aime le cinéma et le contact humain. »

De 11h à 12h, les cinéphiles nombreux, pressés et reconnaissables par leurs tee-shirts, allant de Jurassic Park au réalisateur japonais Seijun Suzuki, continuent de défiler. Dans la foule, Etienne, 26 ans, passionné à l’affût de DVD, affirme : « J’accorde une grande importance au fait de posséder des formats physiques ». Sa dernière trouvaille est une édition collector limitée, Les Anges déchus, un film de Wong Kar-wai (réédité en 2024). 

Pas de pause déjeuner pour les éditeurs du Salon. Rue du Premier Film, en lieu et place du Marché international du film classique (MIFC), les stars sont les éditeurs indépendants. Le Chat qui Fume, Rimini Editions et 27 autres professionnels se sont déplacés pour vendre leurs films de 15 à 20 €. Parmi eux, Potemkine, spécialisé dans les films de patrimoine. Sur leur stand on retrouve par exemple le coffret Chaplin en Famille, contenant documentaires et films cultes, pour 39,90 €. Dans les allées, Maude, 48 ans, professeure des écoles, a l’habitude de « chiner des DVD à Emmaüs pour 1 € ».  Elle affirme : « Je ne mettrais pas 20 € dans un film ! »

Plus loin, la société d’édition Re:Voir, souhaite « faire connaître et vendre des films narratifs et/ou d’expérimentations réalisés par des artistes qui tournent essentiellement en pellicule », expose le représentant du stand. Face à la concurrence du streaming, Re:Voir a lancé sa propre plateforme depuis deux ans. L’objectif affiché, toucher un public un peu plus jeune.

Les films vendus par Re:Voir sont systématiquement accompagnés d’un support papier explicatif. Photo Elise Carrel

Une conférence sans « LaserDisc ! » 

À 15h, dans une salle en retrait du Salon, une trentaine de fins spécialistes du support physique de vidéo ont assisté à une conférence sur « L’histoire sans fin de nos étagères ». Ils expliquent qu’il existe trois sortes de support physique de vidéo, le DVD, qui fêtera ses 30 ans en 2026, le Blu-ray, la 4K Ultra HD et malheureusement, plus le « LaserDisc », une référence qui fait rire dans la salle. 

Dans un enchaînement de phrases sibyllines, les intervenants, Nicolas Billon, Carine Bach, Alexis Hyaumet et le modérateur de la table, Jérôme Wybon, débattent du « flop » des Blu-ray. La salle s’offusque par ailleurs que, « le commun des mortels » ne soit pas en mesure de faire la différence entre « Blu-ray et DVD ». 

Le défaut « d’éducation » des consommateurs est imputé à Sony et la Fnac, « mais aussi à tous les professionnels, nous compris, qui n’ont pas su expliquer au public pourquoi c’était mieux, notamment en termes de qualité d’image », expliquent les intervenants. 

Il est également convenu que cinéphiles et collectionneurs sont fondamentalement différents. En cela que les collectionneurs sont attachés, en plus, aux « goodies », tels que les tee-shirts, tote bags et steelbooks, qui sont des boîtiers en métal d’éditions collectors, souvent limitées.

Les défis majors des éditeurs

Au cours de cette table ronde, tous les enjeux de la réédition ont été balayés : la négociation du rachat des droits auprès d’une armada de juristes et d’ayants droits intransigeants. De « grosses majors [sociétés de production et distribution, ndlr], comme Paramount qui ne voulait plus travailler avec nous car cela lui faisait perdre trop de temps et d’argent », indique Carine Bach, directrice générale chez Extralucid Films. 

Ou encore les difficultés techniques, qui créent de belles anecdotes comme la présence de croisillons à l’image, dû à une technique des années 70 consistant à mettre des bas résilles sur les contours de l’objectif. Enfin, l’importance des coûts, notamment pour la restauration.  

L’échange met en lumière le travail indispensable de ces éditeurs qui permet « de garder la mémoire, de proposer un nouvel éclairage, d’enrichir les supports par de la qualité, des interviews et de proposer un travail plus analytique », résume l’un des intervenants. 

Il y a encore de l’espoir pour le support physique de vidéo. Le public était au rendez-vous et  au cours de la conférence, il a été dit que de nouveaux éditeurs émergent, notamment « des jeunes gens qui font preuve d’enthousiasme ».